La CIA reconnaît officiellement l’existence de la Zone 51

Si il y a une base aérienne qui a suscité de nombreuses théories fumeuses, lesquelles ont ensuite inspiré les scénaristes d’Hollywood, c’est bien la Zone 51 (ou Groom Lake), un site ultra-protégé situé dans le Nevada, certains allant jusqu’à prétendre qu’elle abriterait le vaisseau accidenté de « l’affaire Roswell », une fable reprise par le film « Independance Day ».

Jusqu’alors, les autorités américaines ont reconnu l’existence d’un site près de Groom Lake (sans jamais dire qu’il s’agissait de la Zone 51) mais ont toujours refusé de dire ce qu’il s’y faisait. De quoi alimenter les suspicions et les théories les plus farfelues. A vrai dire, l’on pouvait toutefois supposer que cette base servait au développement, loin des regards curieux, les « black programs » de l’armée américaine, c’est à dire ses projets confidentiels, comme ont pu l’être, en leur temps, ceux du SR-71 Blackbird ou bien encore du F-117, le fameux appareil furtif dont la première apparition en public remonte à 1989.

Et c’est bel et bien à quoi elle sert et les amateurs de petits bonshommes verts en seront pour leurs frais. Dans un rapport de 400 pages qui vient d’être déclassifié par la CIA, l’on apprend que la création de cette fameuse Zone 51 coïncide avec le début de la mise au point de l’avion espion U2.

Le site de Groom Lake a presque été découvert par hasard. C’est en le survolant à bord d’un avion léger Beechcraft, en avril 1955, qu’un responsable de la CIA, Richard Bissell, a estimé qu’il pouvait être le lieu idéal pour mener les essais du U2. Cette zone de 155 km2 était alors située près d’un terrain d’expérimentation de la Commission à l’énergie atomique américaine (AEC).

Les premiers vols d’essais du U2, conçu par Lockheed-Martin, ont ensuite commencé en juillet 1955. A l’époque, aucun autre avion n’avait ses capacités, notamment celle de voler à plus de 20.000 mètres d’altitude, ce qui obligeait les pilotes de cet appareil à être équipés comme des astronautes. Grâce à ses performances lui permettant de « voir sans être vu », cet avion espion était de nature à donne un avantage indéniable à l’US Air Force par rapport à son homologue soviétique dans le domaine du renseignement, les satellites d’observation n’existant alors évidemment pas dans les années 1950. Mais cela a eu une conséquence imprévue.

« La haute altitude du U-2 a rapidement mené à un effet secondaire inattendu: l’augmentation phénoménale des signalements d’objets volants non-identifiés (Ovnis) », est-il écrit dans le rapport. « De tels signalements étaient très fréquents en début de soirée de la part de pilotes commerciaux volant d’est en ouest », indique-t-il encore.

En 1955, les avions de ligne évoluaient à une altitude comprise entre 3.000 et 6.000 mètres. « A cette époque, personne ne soupçonnait que le vol habité était possible à 20.000 mètres, donc personne n’envisageait de voir un objet si haut dans le ciel », souligne le document.

Et comme le programme U2 était confidentiel, l’US Air Force ne pouvait pas expliquer officiellement l’origine de ces OVNIs. D’où, par la suite, la naissance des théories du complot, expliquant que le gouvernement américain cachait des extra-terrestres et tutti quanti. Enfin, outre le développement de projets secrets, la zone 51 aurait également accueilli les avions soviétiques dont les pilotes avaient fait défection afin de les étudier.

Que la CIA reconnaisse officiellement l’existence de la Zone 51 n’a rien de surprenant et cela relève même de l’anecdote étant donné que ce site est connu des pilotes – ils n’ont pas le droit de le survoler – et du grand public depuis longtemps.. Mieux , il est possible de consulter des prises de vue aériennes via les services de cartographie en ligne, comme Google Maps (37° 14′ 35″ Nord / 115° 48′ 47″ Ouest).

Cependant, Jeffrey T. Richelson, un chercheur de la National Security Archives, à qui l’on doit le rapport dont il est question en vertu du Freedom of Information Act, a estimé, d’après CNN, que cette démarche de la CIA « pourrait être le signe d’un changement radical dans la volonté du gouvernement de déclassifier des informations sur » la Zone 51 et que l’on peut s’attendre à « en avoir davantage à l’avenir. »

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