L’Inde lance son premier porte-avions de conception locale

Jusqu’à une date récente, l’Inde avait de l’avance en matière de capacités aéronavales par rapport à la Chine. La marine indienne a en effet disposé de son premier porte-avions en 1957, en l’occurrence INS Vikrant, un bâtiment conçu dans les années 1940 au Royaume-Uni. Dans un premier temps, ce navire a permis de mettre en oeuvre des avions Hawker Sea Hawk ainsi que des Bréguet Alizée de conception française ainsi que, par la suite, des Sea Harrier.

En 1987, New Delhi a acquis le HMS Hermes, un porte-avions de la classe Centaur ayant fait ses premières armes au sein de la marine britannique 30 ans plus tôt. Rebaptisé INS Viraat, ce navire a l’âge de sa tuyauterie, ce qui n’est sans poser de problèmes quant à sa disponibilité opérationnelle.

Aussi, la marine indienne entend bien remplacer l’INS Viraat et accroître ses capacités aéronavales. Pour cela, elle a acquis l’ancien porte-avions russe « Amiral Gorshkov », lequel doit en principe lui être livré avant la fin de cette année sous le nom d’INS Vikramaditya, soit avec 4 ans de retard. La remise en état du navire, dont les chaudières explosèrent en 1994, ne s’est pas passée comme prévu. En 2012, les premiers essais ne furent pas conformes aux attentes. Quoi qu’il en soit, vendu au prix de 947 millions de dollars, la facture pour New Delhi s’élève désormais plus de 2 milliards.

Dans le même temps, en 2003, la marine indienne a lancé le programme « Indigenous Aircraft Carrier » (projet 71), qui, confié au chantier naval local  Cochin Shipyard Limited (CSL),  consiste à construire deux porte-avions. Le premier, qui reprend le nom de l’INS Vikrant, doit être officiellement lancé ce 12 août, avec deux ans de retard. Cet évènement maquera ainsi l’entrée de l’Inde dans le cercle restreint des pays capables de construire des navires de ce type (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, et très probablement Chine).

D’un déplacement de 40.000 tonnes et long de 262 mètres, l’INS Vikrant a une configuration STOBAR (Short Take-Off But Arrested Recovery), c’est à dire que son pont d’envol est incliné et que, par conséquent, il ne dispose pas de catapultes comme, par exemple, le porte-avions Charles de Gaulle.

D’un coût de 5 milliards de dollars (3,75 milliards d’euros), l’INS Vikrant sera en mesure de mettre en oeuvre une vingtaine d’avions de combat, principalement des MiG-29K et HAL Tejas Mk2 en version navale. Il emportera également des hélicoptères Kamov Ka-31 et des Westland Sea King. Les premiers auront une capacité d’alerte avancée (AEW) tandis que les second seront utilisés pour lé détection sous-marine (ASW). Sa protection contre les menaces aériennes sera assuré par le système israélien Barak-8.

Selon les prévisions, l’INS Vikrant devrait entrer en service en 2018, une fois ses essais en mer accomplis. Mais des sources internes à la marine indienne ont estimé qu’il faudrait sans doute encore deux ans de plus pour qu’il soit pleinement opérationnel.

Le second porte-avions envisagé par la marine indienne, appelé INS Vishal, sera plus imposant que l’INS Vikrant étant donné qu’il affichera plus de 65.000 tonnes de déplacement. La configuration de son pont d’envol sera de type CATOBAR (Catapult Assisted Take Off But Arrested Recovery), ce qui ouvrira sans doute une nouvelle opportunité pour le Rafale Marine de Dassault Aviation. La construction de ce navire dépendra surtout de la situation économique de l’Inde.

Par ailleurs, le réacteur à eau pressurisée d’une puissance de 83 MW du premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de la conception locale, l’INS Arihant, vient d’atteindre la « criticité » après plusieurs mois de vérifications sur le site de Visakhapatnam, ce qui autorise le submersible à prendre la mer pour un nouveau cycle d’essais, avec, au programme, le lancement d’un missile balistique K-15.

En revanche, l’Inde connaît toujours des problèmes avec la construction de ses 6 sous-marins conventionnels de type Scorpène par le chantier naval Mazagon Dock Limited (MDL), à Bombay. La livraison de ces navires, assemblés dans le cadre d’un transfert de technologie avec la France, a été une nouvelle repoussée à septembre 2016.

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