La Russie dit « niet » à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Syrie

En août 2012,  lors d’un déplacement officiel en Turquie alors qu’elle était encore à la tête de la diplomatie américaine, Hillary Clinton avait évoqué l’idée d’instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, comme cela avait été fait, pour les mêmes raisons, en Libye, un an et demi plus tôt. Il s’agissait ainsi de venir en aide aux rebelles syriens, en lutte contre les forces du régime de Bachar el-Assad.

Seulement, une telle opération, qui vise à interdire aux aéronefs militaires syriens de prendre les airs, suppose une intervention militaire lourde. Aussi, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait envisagé « l’hypothèse d’une zone particulière autour de laquelle il pourrait y avoir une espèce d’interdit. » Autrement dit, il se serait agi d’interdire les mouvements aériens au-dessus des secteurs tenus par la rébellion syrienne.

Cette idée était alors tombée dans l’oubli. Mais elle est revenue sur le devant de la scène depuis que Washington  a accusé Bachar el-Assad d’avoir franchi la « ligne rouge » que constituait l’usage d’armes chimiques. D’après le Wall Street Journal, le Pentagone aurait soumis à la Maison Blanche un plan visant à instaurer une « No Fly Zone » (NFZ) sur environ 40 km à l’intérieur du territoire syrien, avec des F-16 opérant depuis les pays alliés voisins, dont la Jordanie.

Cette solution aurait deux avantages : elle pourrait être appliquée dans des délais relativement courts (il est question d’un mois) et sans avoir au préalable le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies, où la Russie et la Chine s’opposent à toute initiative prise contre le régime de Damas, étant donné qu’il n’y aurait pas besoin d’entrer dans l’espace aérien syrien. C’est du moins ainsi que ce plan a été présenté.

Or, à Paris, l’on n’a pas la même appréciation. « Le problème avec ce type de mesures, c’est qu’elles ne peuvent être mises en place qu’à la condition d’être autorisées internationalement », a expliqué Philippe Lalliot, le porte-parole du Quai d’Orsay. « Il faut (…) une décision du conseil de sécurité des Nations unies » ce qui « paraît peu probable », a-t-il ajouté.

Et le fait est. La Russie est en effet vent debout contre toute idée de zone d’exclision aérienne. « Le ministre des Affaires étrangères (Sergueï) Lavrov a déclaré que toutes ces manœuvres autour d’une zone d’exclusion aérienne et de toute sorte de corridors humanitaires sont le résultat du non-respect du droit international. Nous avons bien vu, à l’exemple de la Libye, la manière dont une telle zone est instaurée et dont ces décisions sont appliquées. Nous ne voulons pas que cela se reproduise dans le cas du conflit syrien. Et je pense que nous n’admettrons pas un tel scénario », a fait valoir Alexandre Loukachevitch, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Il faut dire que l’on a été « échaudé » à Moscou par l’interprétation qui avait été faite par l’Otan de la résolution 1973 autorisant la mise en place d’une NFZ en Libye, en mars 2011…

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]