Nouveau retard en vue pour l’entrée en service du sous-marin S-80 au sein de la marine espagnole

Dans un contexte marqué par la crise économique, la marine espagnole risque de perdre sa capacité sous-marine. En 2004, Madrid avait décidé de lancer le programme S-80, confié au constructeur naval Navantia.

Ce projet a d’ailleurs coûté à ce dernier un partenariat avec DCNS, le groupe français ayant estimé que l’industriel espagnol, avec lequel il collaborait pour l’exportation du Scorpène, en profitait pour acquérir son savoir-faire.

Quoi qu’il en soit, le programme S-80 consistait à construire 4 sous-marins à propulsion classique, avec l’appui de l’américain Lockheed-Martin pour les équipements électroniques, afin de remplacer autant de submersibles de la classe Agosta, qui, de conception française, étaient alors en service au sein de l’Armada.

Depuis, l’un des Agosta espagnol, le Siroco, a été désarmé en juin 2012, les crédits nécessaires pour son grand carénage n’étant pas disponibles. Le bâtiment sert désormais de magasin pour les pièces détachées destinées aux trois autres sous-marins.

Un autre Agosta, le Tramontana, pourrait connaître le même sort, et cela pour les mêmes raisons. Pour cause de manque de crédits, le grand carénage de ce bâtiment ne pourra pas se faire et la fin de sa vie opérationnelle pourrait être prononcée l’an prochain.

Il reste donc le Galerna et le Mistral, sorti du bassin en 2011 après son grand carénage mais dont le retrait du service est programmé en 2016, année à partir de laquelle le premier S-80 doit en principe entamer sa vie opérationnelle. Sauf que, il est probable que cela ne sera pas le cas.

Initialement, la tête de série du programme S-80, dont la conception a commencé en 2007, devait être livrée à la marine espagnole en 2014. Seulement, la développement de ce sous-marin ne s’est pas passé comme Navantia pouvait l’espérer. En janvier 2011, le président du groupe espagnol avait expliqué qu’il fallait revoir le calendrier de livraison de ce submersible en raison de sa trop grande « complexité ».

Et visiblement, Navantia n’est pas au bout de ses peines car, d’après El Confidencial Digital, le S-80 serait trop lourd par rapport aux calculs initiaux. En cause : les équipements électroniques et le système de combat, ainsi que les améliorations concernant l’habitabilité du sous-marin. Pour palier à ce problème, il n’y a pas 36 solutions : il faut allonger la coque du bâtiment pour assurer sa flottabilité tout en ne renonçant pas à ses capacités opérationnelles.

La conséquence en sera évidemment un nouveau retard – au moins jusqu’en 2017 – pour la livraison du premier S-80 à la marine espagnole, laquelle ne disposera plus, pendant ce temps, que d’un seul sous-marin en service.

Plus gros sous-marin conventionnel construit en Europe, le S-80 devait à l’origine mesurer 71,05 m de long pour un déplacement de 2.200 tonnes en surface et 2.430 tonnes en plongée. Diposant d’un système AIP (Air Independant Propulsion, ou systèmes de propulsion anaérobie) spécialement conçu pour lui, il pourra naviguer à une vitesse de 19 noeuds en plongée et mettre en oeuvre des torpilles DM2A4 d’Atlas Electonik ainsi que des missiles anti-navires Harpoon, voire des missiles de croisière Tomahawk.

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