L’existence de la Patrouille Suisse menacée

Remplacement des F-5 Tiger par des JAS Gripen oblige, la Patrouille Suisse, qui assure des représentations acrobatiques à l’instar de la Patrouille de France, pourrait disparaître d’ici 2016.

C’est en tout cas ce qu’a déclaré Ueli Maurer, l’actuel président de la Confédération qui assure également les fonctions de Chef du Département fédéral de la Défense, de la protection de la population et des sports (DDPS), lors d’une réunion la commission de la politique de sécurité du Conseil national, le 12 février.

Cela étant le DDPS a précisé plus tard qu’aucune décision ne serait prise tant que la question de l’achat des 22 Gripen ne serait pas politiquement réglée. Mais même si autre appareil que l’avion de combat suédois avait été choisi pour remplacer les F-5 suisses, cela n’aurait rien changé.

En effet, la Patrouille Suisse ne pourra de toute façon garder ses 6 F-5E Tiger dont elle est dotée, en raison du coût financier trop élevé qu’il faudrait supporter pour les conserver uniquement à des fins de représentations. Aussi, elle devrait replier ses ailes en 2016, année à partir de laquelle 11 Gripen C/D seront loués par Berne dans l’attente des 22 appareils de la version E/F commandés auprès de Saab.

Pour autant, Ueli Maurer n’a pas exclu à ce que les pilotes suisses exécutent des démonstrations ponctuelles de vol acrobatique avec les F/A-18 Hornet ou bien encore les futurs Gripen. Mais ces appareils ne porteraient pas la livrée rouge et blanche de la Patrouille Suisse. Il ne restera donc plus que les avions de la Swiss Air Force PC-7 Team, dotée de Pilatus, pour reprendre le flambeau.

« Nous n’avons plus besoin à l’avenir d’avions pour assurer notre folklore », a-t-il ainsi affirmé, causant ainsi des réactions indignées. « Pour moi, c’est une provocation », a affirmé Christophe Darbellay, le président du parti démocrate-chrétien. Considérant que la Patrouille Suisse est une « excellente vitrine », l’élu a ajouté que « s’il ne peut pas assurer ça avec 200 pilotes, je me demande ce que Maurer peut encore faire. »

« Il est hors de question de supprimer la Patrouille suisse». Elle contribue plus à l’identification aux forces aériennes que le chef du DDPS ne semble se l’imaginer », a pour sa part déclaré Martin Landolt, le président du Parti bourgeois démocratique. « Le rapport entre les coûts et l’utilité de la Patrouille en tant que symbole du savoir-faire et de la précision de l’armée de l’air est très favorable », a renchéri Thomas Hurter, un conseiller national appartenant au même parti qu’Ueli Maurer (UDC).

Pour l’histoire, la Patrouille Suisse, créée le 22 août 1964 en prenant exemple sur la Patrouille de France, réalisé ses premières prestations en public à l’occasion, la même année, de l’exposition nationale EXPO 64 de Lausanne et des 50 ans de l’aviation militaire du pays.

Evoluant à ses début sur 4 avions de type Hawker Siddeley Hunter F Mk 58, la Patrouille Suisse avait fini par compter 6 appareils. En 1978, pour la première fois de son existence, elle s’était produite à l’étranger, en l’occurrence à Salon de Provence pour les 25 ans de son homologue française. En 1995, elle reçut des F5E Tiger aux couleurs hélvètes, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ces derniers furent dotés, un an plus tard, d’un dispositif fumigène.

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