Les exportations d’armes françaises ont affiché une nette baisse en 2012

Comme l’on pouvait s’y attendre, et bien que les chiffres ne soient pas encore définitifs (ils le seront dans quelques semaines), l’année 2012 n’aura pas été un bon cru pour les exportations d’armes française. Le Délégué général de l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon l’avait sous entendu lors d’une audition devant la commission « Défense » de l’Assemblée nationale en octobre dernier et il vient de le confirmer à l’occasion d’une conférence de presse donnée ce 13 février.

« On tangentera les 5 milliards d’euros » a-t-il ainsi indiqué. « On ne peut pas dire que soit un chiffre significativement bon, on espérait un petit peu plus », a-t-il ajouté. En 2011, ces mêmes exportations avaient atteint les 6,5 milliards d’euros, soit un niveau supérieur de 27% par rapport à l’exercice précédent.

Parmi les grands contrats remportés par l’industrie française de l’armement en 2012, l’on trouve la commande d’un montant de plus d’un milliard d’euros passée par l’Inde pour des missiles air-air MICA, celle concernant 6 corvettes Gowind conçues par DCNS pour la Malaisie et la vente d’équipements à l’Arabie Saoudite.

Reste qu’avec ce mauvais chiffre, la France est désormais talonnée, si ce n’est dépassée par Israël, dont les exportations d’armes devraient atteindre les 5 milliards d’euros (7 milliards de dollars) en 2012.

D’ailleurs, Laurent Collet-Billon explique la contre-performance française par l’émergence de pays ayant acquis un « niveau technologique » qui les rend plus compétitifs (Israël, Corée du Sud) et aussi par le « retour des Américains (qui sont) extrêmement offensifs du fait de la diminution des commandes » du Pentagone.

Aussi, pour le DGA, il est « indispensable de poursuivre notre effort sur l’expertise technologique, pour maintenir au meilleur standard les capacités des forces armées et préserver la compétitivité de notre industrie. » Et cela passe par une augmentation des crédits en faveur des études en amont afin de développer de nouveaux matériels technologiquement avancés.

Cependant, l’on se retrouve dans une situation compliquée. D’une part, pour faire face à la concurrence étrangère, il est nécessaire de trouver des innovations susceptibles d’apporter une plus-value aux matériels que l’on souhaite exporter. Mais, d’autre part, et comme le soulignait un rapport du Sénat intitulé « Peut-on réduire encore un format juste insuffisant?« , il faudrait « rompre avec une ‘technologisation’ excessive du discours stratégique » à cause de l’envolée des coûts qu’elle implique.

Et les rapporteurs d’expliquer : « La technologie a permis la réduction du format (ndlr, des armées), notamment par la mise en place de matériels polyvalents. Cette tendance a naturellement des limites : chaque nouvelle génération de système d’arme coûte en moyenne 10 fois plus cher que la précédente. En estimant à un facteur 2 l’amélioration de l’efficacité, on aboutit à un résultat paradoxal : à budget constant, les forces alignées sont divisées par cinq. Notre pays connaît ce phénomène. Le risque est d’aboutir à une armée ‘échantillonnaire’ dotée de quelques capacités dans chacun des secteurs concernés. »

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