La mission européenne de formation de l’armée malienne bientôt opérationnelle

Avec l’Union européenne, il ne faut pas être pressé, même s’il y a urgence. Entre l’idée d’une mesure et la mise en place effective de cette dernière, il peut se passer des mois. Ainsi en est-il de la mission de formation de l’armée malienne (European Union Training Mission, EUTM Mali) dont le principe a été adopté en octobre dernier.

Finalement, selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, cette mission devrait être officiellement lancée le 12 février prochain pour être pleinement opérationnelle un mois plus tard.

La France sera la nation cadre de l’EUTM Mali, laquelle sera commandée par le général François Lecointre, l’actuel patron de la 9e Brigade d’Infanterie de Marine (BIMa). Cette mission comptera au total 491 personnels. Bien évidemment, avec un détachement d’au moins 150 hommes, dont 50 instructeurs, les militaires français y tiendront une place prépondérante. Et cela d’autant plus qu’ils détiendront 22 des 60 postes de commandement.

Le 2e Régiment d’Infanterie de Marine (RIMa) du Mans et à Vannes, déploiera 48 marsouins dans le cadre de cette mission de formation, laquelle mettra aussi l’accent sur le droit international humanitaire et la protection des civils.

D’autres pays européens ont fait part de leur intention de participer à l’EUTM Mali, dont l’objectif est de former 4 bataillons de 650 soldats maliens en un an sur la base de Koulikoro, à 200 km de Bamako.

Ainsi, le Royaume-Uni a déjà indiqué qu’il enverrait 40 instructeurs, de même que l’Allemagne, qui envisage un effort similaire, sous réserve d’une approbation du Bundestag. En Belgique, l’idée d’y prendre part est à l’étude. La décision de Bruxelles dépendra de l’évaluation du soutien belge (2 C-130 et 2 hélicptères sanitaires) à l’opération française Serval, lancée le 11 janvier pour contrer une offensive jihadiste vers Bamako. Seulement, pour le moment, le compte n’y est pas.

En outre, la mission, qui commencera d’abord par la formation de la chaîne de commandement de l’armée malienne, s’annonce compliquée pour plusieurs raisons. En premier lieu, il y a les rancoeurs entre les populations du Nord et du Sud, qu’il faudra prendre en compte. D’où le nécessaire volet sur la protection des civils.

Une autre difficulté sera d’adapter la formation aux spécificités de la culture malienne. « L’instruction que l’on est capable de faire à des soldats français, il va falloir adapter nos connaissances et nos pratiques à leur façon de vivre et à leur pays », a confié un officier français à Europe1.

Qui plus est, l’armée malienne est profondément divisée après le putsch du 22 mars 2012 commis par les bérets verts du capitaine Sanogo . L’un des objectifs sera donc de lui faire retrouver son unité, ce qui ne sera pas forcément simple.

Enfin, il y a un dernier problème : pour le moment, les militaires maliens sont engagés dans les opérations au Nord-Mali. Il faudra donc compenser les effectifs qui suivront la formation européenne. Ce n’est pas insurmontable mais cela risque de prendre du temps, d’autant plus que les troupes africaines de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) tardent à arriver à Bamako.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]