Les militaires allemands n’ont pas le moral

Le moral des militaires allemands n’est pas au beau fixe, selon un rapport parlementaire publié le 29 janvier. En cause? La réforme en cours de la Bundeswehr qui bouscule son organisation et certaines lacunes en matière d’équipements. Et encore, il n’y a pas de problèmes dans le versement des soldes outre-Rhin…

Pour rappel, il a été décidé de suspendre le service militiaire obligatoire et de diminuer les effectifs afin d’augmenter les capacités de projection de la Bundeswehr sur des théâtres d’opérations extérieurs. Et cela suppose la fermeture d’emprises militaires (400 au total) et le recrutement de soldats volontaires.

Ainsi, les résultats de la réforme des forces armées allemandes tardent à venir. « Les attentes de la Bundeswehr selon lesquelles cette dernière serait devenue plus puissante et efficace à la suite de la transformation n’ont pas été confirmée au cours de l’année considérée, bien au contraire », a écrit Helmut Königshaus, le parlementaire auteur du rapport.

Au niveau des équipements, le document reconnaît des avancées, en particulier pour les troupes déployées en Afghanistan. La protection accrue des soldats allemands affectés à cette opération conduite sous l’autorité de l’Otan a contribué au fait qu’aucune perte n’a été déplorée en 2012. Seulement, des lacunes demeurent, comme dans la détection des engins explosifs improvisés et les systèmes de vision nocturne. Et le taux de disponibilité des hélicoptères reste encore insuffisant.

Quant aux militaires allemands, ils se retrouvent confrontés aux mêmes problèmes rencontrés par leurs homologues européens aux prises avec une importante réforme structurelle.

La fermeture de bases et de casernes, par exemple, a fait augmenter le nombre de « célibataires géographiques ». A cela s’ajoute les missions extérieures et les entraînements. Conséquence : le taux de divorce parmi les militaires allemands est plus élevé que la moyenne nationale. « La Bundeswehr n’a toujours pas abordé cet aspect avec l’attention nécessaire », a estimé Helmut Königshaus.

En outre, la hiérarchie est mise en cause, avec notamment sa façon de régler les problèmes disciplinaires. Des soldats se plaignent en effet du « deux poids, deux mesures », les sanctions étant différentes selon les grades.

La politique de recrutement est aussi critiquée. La suspension du service militaire a provoqué des pénuries de personnels, en particulier au sein de la Deutsche Marine, où 700 postes sont encore vacants.

Aussi, le rapport estime que la Bundeswehr doit prendre en compte le fait qu’elle est en concurrence sur le marché de l’emploi et qu’en conséquence, il est nécessaire qu’elle se montre plus souple, en permettant, par exemple, de conjuguer plus facilement la carrière militaire et la vie de famille. Vaste programme si l’on considère que le métier des armes n’est pas comme les autres avec ses contraintes opérationnelles…

Enfin, toujours au sujet de la gestion des personnels, Helmut Königshaus a constaté une amélioration dans le traitement des blessés en opération extérieure. Toutefois, la prise en charge des soldats victimes de stress post-traumatique reste encore insuffisante.  » Il n’y a pas encore assez de psychologues et psychothérapeutes pour traiter le nombre croissant de soldats traumatisés », a-t-il estimé. « En 2012, un nouveau record a été atteint avec 1.143 personnes nécessitant un traitement », a-t-il précisé.

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