Le Japon envisage de modifier sa Constitution pacifiste
Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, et sous pression américaine, le Japon vaincu s’était donné une Constitution pacifiste dont l’article 9 n’autorise le pays qu’à maintenir des forces d’autodéfense et l’empêche en théorie de déployer des forces à l’extérieur de ses frontières. Pour compenser, les Etats-Unis ont maintenu dans l’Archipel un important contingent militaire pour assurer sa protection.
Sur ce dernier point, et en jouant sur les mots, l’ancien Premier ministre Junichiro Koizumi avait toutefois envoyé des troupes japonaises en Irak, en 2003, en précisant qu’elles avaient une mission de « pacification. »
Reste cependant que cet article 9 est contraignant par bien des côtés étant donné que, par exemple, les forces d’auto-défense japonaises ne disposent pas de certaines capacités militaires leur permettant de se projeter sur une théâtre d’opérations extérieur.
Or, depuis 1946, la situation a bien changé dans la région Asie-Pacifique, avec notamment la montée en puissance de la Chine, sans oublier les activités balistiques et nucléaires de la Corée du Nord. Aussi, le Pentagone ne serait pas mécontent de voir les forces d’autodéfense japonaises jouer un rôle plus important à l’avenir. Et pour cela, il faudrait faire sauter le verrou que représente cet article n°9.
En outre, pour Shinzo Abe, le Premier ministre élu en décembre dernier, ce texte « interdit (au Japon) tout déploiement à l’extérieur, réduit a minima son rôle militaire dans la défense de ses intérêts et amoindrit la dignité de la nation. » D’où sa volonté, affirmée le 31 janvier, de réformer la Constitution dès que le contexte politique le permettra.
« Je commencerai par réviser l’article 96, une décision que nombre de courants à l’intérieur du parti (PLD, droite) soutiennent », a-t-il déclaré, en faisait référence au texte qui décrit le processus de révision constitutionnelle. Mais avant, Shinzo Abe soit s’assurer du contrôle du Sénat japonais lors des prochaines élections qui auront lieu en juillet prochain. De plus, il devra également rassurer les pays de la région qui craindraient un retour de l’impérialisme nippon après en avoir fais les frais pendant la Seconde Guerre Mondiale.
En attendant, et comme annoncé, le prochain budget japonais de la Défense a été augmenté pour la première fois en 11 ans, pour dépasser les 40 milliards d’euros. Les forces d’autodéfenses pourront recruter 287 hommes supplémentaires, ce qui est somme tout très peu au regard de leurs effectifs actuels (230.000 militaires) et de la population japonaise.
Cette hausse des dépenses militaires a été justifiée par les tensions croissantes avec la Chine au sujet des îles Senkaku/Diaoyou, revendiquée par les deux pays mais administrées par Tokyo. Depuis plusieurs semaines, l’on ne compte plus les incursions chinoises dans le secteur et le risque d’un incident grave est désormais élevé.
Justement, la protection des îles Senkaku est l’une des priorités affichées par le gouvernement japonais. Aussi, une force de 600 hommes et une flotte de 12 navires, dont 10 de 1.000 tonnes, seront affectés à leur surveillance.