Le Premier ministre algérien donne un bilan officiel mais provisoire de la prise d’otages d’In Amenas

Maintenant que l’opération menée par les forces spéciales algériennes pour libérer les otages détenus par un commando islamiste sur le complexe gazier d’In Amenas est terminée, le temps est au bilan. Ainsi, le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, a donné une conférence de presse, ce 21 janvier, pour donner tous les détails concernant cette affaire.

D’après un bilan encore provisoire, au moins 37 otages étrangers et 1 de nationalité algérienne ont péri lors de l’attaque site d’In Amenas par des combattants islamistes appartenant à la brigade Moulathamine (« Ceux qui signent avec leur sang ») fondée par Mokhtar Belmokhtar, un vétéran du jihadisme, passé par l’Afghanistan, le GIA et le GSPC, devenu depuis 2007 al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

Ce dernier a d’ailleurs revendiqué cette opération via une vidéo évoquée dont le site mauritanien d’information Sahara Media s’est fait l’écho le 20 janvier. Détail intéressant, Belmokhtar a indiqué que l’assaut d’In Amenas avait été lancé au nom d’al-Qaïda et non à celui d’AQMI, dont il a été dit qu’il en avait été remercié en décembre dernier. En outre, le chef islamiste, par ailleurs trafiquant notoire, a indiqué que l’attaque, l’occupation du site et la prise d’otages avaient été menées par une quarantaine d’hommes, « issus pour la plupart de pays musulmans et pour d’autres de pays occidentaux. »

Dans son discours, Belmokhtar a également fait savoir qu’il était prêt à « négocier avec les Occidentaux et le gouvernement algérien à condition qu’ils cessent de bombarder les musulmans du Mali. » Cela étant, il est peu probable que l’intervention militaire lancée à la demande des autorités maliennes pour stopper une offensive islamiste sur la ville de Konna soit liée à l’attaque d’In Amenas, dans la mesure où cette dernière semble avoir été préparée de longue date. A moins que des plans précis aient été établis au cas où…

Quoi qu’il en soit, le Premier ministre algérien a précisé que de nombreux otages ont été abattus par les terroristes d’une balle dans la tête. Parmi les 37 dépouilles de ces victimes étrangères, 7 n’ont pas encore été identifiées. Quant à leur nationalité, les autorités algériennes n’ont pas donné d’éléments.

Cependant, en recoupant avec les informations données par les pays concernés par cette attaque, l’on sait qu’un Français (Yann Desjeux), un Américain, 3 Britanniques, 7 Japonais, 6 Philippins et 2 roumains ont perdu la vie. En outre, 5 otages étrangers sont toujours portés disparus.

L’opération des forces spéciales de l’armée algérienne, dont on ignore si elles ont subi des pertes, a permis de libérer 685 employés algériens et 107 étrangers. D’après certains témoignages, les jihadistes ont sans doute bénéficié d’aides internes pour mener leur assaut. « Ils avaient des complicités à l’intérieur car ils connaissaient les chambres des expatriés et tous les détails sur le fonctionnement de la base », a affirmé l’un d’eux.

Justuement, concernant ces derniers, 29 d’entre eux ont été tués par les forces algériennes, qui en ont arrêté trois autres. Contrairement à ce qui pu être avancé ces dernières heures, le chef du commando n’était pas le bras droit de Belmokhtar, à savoir le nigérien Abderrahman el-Nigiri, mais l’algérien Mohamed el-Amine Benchenab, « très connu des services de renseignements » selon Abdelmalek Sellal. Parmi les autres membres du groupe figuraient 3 Algériens ainsi que des canadiens, des égyptions, des tunisiens, des maliens, des nigériens et des mauritaniens.

Autre point éclairci : celui de la provenance de ces combattants islamistes. Il avait été dits qu’ils venaient de Libye. En fait, toujours d’après le Premier ministre algérien, ils étaient bel et bien arrivés du Nord-Mali.

Pour autant, et il aurait été étonnant qu’il dise le contraire l’issue de l’attaque contre le site d’In Amenas n’est perçue pas comme ayant été revers par Hacen Ould Khalil, alias Joulaybib, le porte-parole de Belmokhtar. Joint par téléphone par Paris Match, il a assuré que c’est « à 90 % un succès, puisqu’on a pu atteindre un site stratégique protégé par huit cents soldats, avec seulement quarante hommes. »

Et d’ajouter : « J’espère que la France se rend compte qu’il va y avoir des dizaines de Mohammed Merah et de Khaled Kelkal (ndlr, responsable d’une vage d’attentat en 1995 en France]. L’attaque d’In Amenas n’est que le début ! »

PS : Un grand merci à RealityCheck pour avoir informé du mieux possible les lecteurs de Zone Militaire. Et ce n’était pas une chose aisée, compte tenu des nombreuses informations contradictoires qui ont pu circuler ces derniers jours.

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