Le choix des futurs hélicoptères légers de l’armée indienne suspendu à une affaire de corruption

« Il y a un recours préoccupant de la part de Finmeccanica et de ses filiales à des pratiques de corruption pour l’obtention de commandes à l’étranger. » Tel est le constat établi par le procureur de Naples, Dario Gallo, après la révélation de plusieurs affaires concernant le groupe italien de défense et qui mettent sur la sellette son actuel Pdg, Guiseppe Orsi, mais aussi Claudio Scajola, l’ancien ministre du Développement économique.

Ainsi, des affaires de corruption ont été mises au jour notamment à Panama, où 18 millions d’euros auraient été versés à des responsables panaméens en échange de contrats pour AgustaWestland, filiale de Finmeccanica ainsi qu’au Brésil, où 550 millions de commissions occultes auraient été proposés dans le cadre de la vente – avortée – de 11 frégates.

Mais celle qui inquiète plus précisément Guiseppe Orsi concerne le contrat portant sur la livraison de 12 hélicoptères AW-101 VIP à New Delhi pour 560 millions d’euros alors qu’il dirigeait AgustaWestland en 2010. Or, d’après les enquêtes en cours aussi bien en Inde qu’en Italie, 51 millions d’euros de commissions occultes auraient été versées à des intermédiaires pour favoriser cette vente, alors également convoitée par le constructeur américain Sikorsky.

Et, une affaire en ouvrant une autre, le constructeur AgustaWestland est également inquiété dans un autre appel d’offres, visant, cette fois, à livrer, pour un milliard de dollars, 197 hélicoptères légers (LUH, Light Utility Helicopter) aux forces armées indiennes.

En effet, lors de l’enquête portant sur la vente des 12 AW-101, il a été découvert qu’un général de l’Indian Air Force aurait demandé une enveloppe de 5 millions de dollars à AgustaWestland pour revoir à la baisse les critères techniques du contrat LUH. Il est encore difficile de dire, à ce stade, ce qu’il en a vraiment été car le constructeur italien a été éliminé lors des évaluations menées dans le cadre de cet appel d’offres, lequel met en compétition l’AS 550 C3 Fennec d’Eurocopter et le Ka-266T du russe Kamov.

Cela étant, New Dehli a ouvert une nouvelle enquête pour y voir plus clair. Il a été « demandé au gouvernement italien et les agences concernées, via le ministère des Affaires étrangères, de fournir les documents relatifs à l’intervention présumée d’un général de brigade dans le processus en cours pour l’acquisition de 197 hélicoptères légers pour l’armée indienne » a fait savoir le ministère indien de la Défense, par voie de communiqué.

Dans l’attente de ces documents, le Defense Acquisition Council (DAC) a, selon The Times of India, reporté sa décision concernant l’appel d’offres LUH alors qu’il aurait dû trancher à la fin du mois dernier. Selon certaines sources, il est même possible que la procédure soit annulée, ce qui ne ferait pas les affaires de l’armée indienne, qui doit remplacer dans un avenir proche ses hélicoptères Cheetah et Chetak.

Quant au constructeur AgustaWestland, les autorités indiennes ayant fait de la lutte contre la corruption leur cheval de bataille, il risque d’être exclu des futurs appels d’offres, comme l’ont été, plus tôt cette année, 6 entreprises du secteur de l’armement pour leur rôle dans un important scandale impliquant Sudipta Ghosh, l’ancien directeur de l’Ordnance Factory Board.

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