Nord-Mali : L’armée malienne fourbit ses armes

Les émissaires du groupe armé islamiste Ansar Dine, qui a pris le contrôle du Nord-Mali, ont déclaré, le 6 novembre que leur organisation rejette « toute forme d’extrémisme et de terrorisme » et qu’elle s’engage à lutter contre « la criminalité transfrontalière », à l’issue d’une rencontre avec le président Burkinabé Blaise Compaoré, qui tient un rôle de médiateur dans la crise malienne.

Cela étant, l’on peut douter de ces affirmations étant donné qu’Ansar Dine s’est associé avec al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) lors de la conquête du Nord-Mali, où la charia (loi islamique) est désormais appliquée dans toute sa rigueur.

Et, au vu des exactions commises au Nord-Mali, l’on peut être aussi dubitatif quand les émissaires d’Ansar Dine parlent de « respect des droits et des libertés fondamentales » et de créer un « environnement propice à l’adoption et la mise en oeuvre d’un accord global de paix qui traite de toutes les causes profondes de la crise. »

Au même moment, et conformément à la résolution 2071 des Nations unies, les chefs d’état-major des pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), se sont mis d’accord sur un concept d’opérations, qui, mis au point avec le concours d’officiers occidentaux, vise à aider l’armée malienne à reconquérir le Nord-Mali.

Il s’est agi de définir les règles d’engagement, les modes d’action, l’organisation de la chaîne de commandement, les besoins de financement et la nature des objectifs à frapper. Il restera ensuite à établir le plan opérationnel une fois que ce concept stratégique sera validé par les Nations unies le 15 novembre prochain.

« C’est un plan ambitieux, il faut prévoir un peu plus de 4.000 personnes en cas d’intervention militaire. Nous avons étudié tous les paramètres, maintenant, nous attendons les directives de nos chefs d’État » a commenté un officier béninois, sans donner plus de détails.

Mais pour que la Cédéao puisse venir en aide à l’armée malienne, encore faut-il que cette dernière ait au moins retrouvé les capacités qui étaient les siennes avant l’offensive islamiste au Nord-Mali.

Aussi, et selon Jeune Afrique, l’armée malienne a acquis 142 nouveaux véhicules tout-terrain, dont le type n’a pas été précisé et sur lesquels seront montées des mitrailleuses lourdes DShK de 12,7 mm ou ZPU de 14,5 mm d’origine russe. De plus, 16 automitrailleuses BRDM-2 ont été remises en état et 19 véhicules de transport de troupe BTR60 PB sont attendus.

L’Algérie, qui n’est pas très enthousiaste à l’idée d’une intervention militaire, a été toutefois sollicitée pour fournir aux militaires maliens du matériel de transmission pour moderniser des chars T-55 datant de l’époque soviétique et livrés par l’Egypte en 1991. Ce type de blindé, aussi ancien soit-il, a joué un rôle déterminant à N’Djamena, en février 2008, contre les rebelles tchadiens. Il est aussi question de munitions pour les chars légers PT-76. A noter qu’il est probable que les groupes islamistes se soient emparés de quelques exemplaires de ces matériels lors de la déroute de l’armée malienne…

Par ailleurs, au moins 3.000 fusils d’assaut AK-47 (Kalachnikov) ont été commandé auprès « d’un pays d’Amérique du Sud » et la Chine a donné pour l’équivalent de 2,5 millions d’équipements militaires entre avril et juillet 2012. Des armes légères ainsi que 15 canons sans-recul SPG-9 ont été acquis en Bulgarie. Et ce n’est sans doute pas fini puisque la Russie a été sollicitée par Bamako, via la société d’exportation d’armes Rosoboronexport.

Cela étant, s’il est très probable que la France fournisse les moyens de reconnaissance (ou du moins les renseignements obtenus par les drones Harfang et avions de patrouille Atlantique), il reste à régler la question de l’appui aérien, car les deux hélicoptères d’attaque Mi-24 réparés par des équipes bulgares et dont il est fait mention par Jeune Afrique, risquent de faire léger.

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