Drone MALE : Le ministère de la Défense a des discussions « informelles » avec General Atomics, le fabricant du Reaper

Attendue pour le 14 juillet dernier, la décision du ministre de la Défense au sujet du drone Male (Moyenne altitude longue endurance) appelé à remplacer le Harfang actuellement en service dans l’armée de l’Air, devrait être (enfin) connue d’ici la fin de cette année.

Pour le moment, il y a deux certitudes. La première est que le projet de budget du ministère de la Défense pour 2013 prévoit une ligne de crédit pour l’achat de drones MALE. La seconde est que l’acquisition du Heron TP, conçu par l’industiel israélien IAI et « francisé » par Dassault Aviation, n’est plus privilégiée, alors que c’était la solution retenue par le précédent gouvernement.

Pour l’avionneur français, le choix du Heron TP (ou Voltigeur) étant un dossier important dans la mesure où il lui aurait permis de maintenir l’activité de son bureau d’études pour ses activités militaires. D’où, sans doute, la décision de l’associer avec le groupe britannique BAE Systems pour développer un drone de combat (UCAV) d’ici 2030.

A noter que les deux industriels devaient également concevoir en commun un drone MALE, le Telemos, dont plus personne ne parle aujourd’hui.

Cela étant, la question des drones MALE est prioritaire pour l’armée de l’Air. Son chef d’état-major, le général Denis Mercier, l’a encore rappelé dans les colonnes d’Air&Cosmos.

Estimant que les capacités françaises en matière de recueil de renseignement sont insuffisantes, le CEMAA a estimé qu’il manque, « sans le moindre doute », des drones. « Cette composante est une vraie priorité », a en effet affirmé le général Mercier. « Le fait qu’une armée de l’Air comme la nôtre n’ait pas encore franchi le pas du drone de surveillance armé est préoccupant, mais ce n’est pas une fatalité », a-t-il ajouté.

« Il faut y aller » car « nous avons une vraie butée calendaire à respecter : la France a dit vouloir contribuer en nature au programme otanien AGS  dès 2017, avec un drone MALE équipé d’un radar à synthèse d’ouverture pour la détection des cible mobiles (SAR/MTI), a encore expliqué l’officier.

Aussi, comme l’a souligné Laurent Collet-Billon, le délégué général pour l’armement, devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, « Si nous voulons doter nos forces très rapidement de moyens opérationnels, la seule source, ce sont les États-Unis, avec tous les inconvénients (…) en matière de maîtrise des logiciels et de certains capteurs. » C’est donc la piste du MQ-9 Reaper de General Atomics qui est privilégiée.

Et de préciser : « C’est pourquoi nous travaillons sur la possibilité de distinguer la chaîne de pilotage de la chaîne de mission, de manière à doter ces drones de capteurs ou d’armements européens », afin de ne pas dépendre, d’un point de vue opérationnel, d’un bon vouloir de Washington. D’où, selon le DGA, la tenue de « discussions informelles » avec General Atomics qui « qui ne produit ni les capteurs ni les armements. »

Cependant, ces discussions sont actuellement bloquées en raison de la campagne électorale américaine. Cela « ne favorise pas un aboutissement immédiat de cette démarche » a souligné le DGA.

Quoi qu’il en soit, le scénario étudié consiste à « entreprendre en commun une démarche d’européanisation des équipements et, progressivement, du drone » étant donné que le Royaume-Uni et l’Italie possèdent déjà des Reaper et que l’Allemagne envisage d’en acquérir et que la Pologne pourrait en faire de même. « A plus long terme, c’est-à-dire au-delà de 2020, le calendrier dépendra de nos capacités budgétaires et des priorités que nous aurons définies » a encore précisé Laurent Collet-Billon.

A noter que le DGA a aussi abordé le projet mort-né du drone MALE Talarion, qu’EADS vient récemment d’abandonner. Près de 30 millions d’euros ont été dépensés par la France dans cette opération qu’il a été décidé d’arrêter car elle « conduisait à un objet trop volumineux qui ne correspondait pas aux besoins de l’armée française. »

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