Des équipements militaires russes pour l’armée irakienne

Les responsables américains ont sans doute sous-estimé les conséquences de la chute de Saddam Hussein qu’ils ont provoquée en 2003. Ou du moins les rivalités existantes entre les communautés arabes sunnites et chiites.

Du coup, l’Irak, qui compte parmi sa population une majorité de chiites, se tourne à présent de plus en plus vers l’Iran, autre place forte de cet autre courant de l’Islam, même si cela peut paraître surprenant quand l’on songe que ces deux pays se sont livrés une guerre meurtrière au cours des années 1980.

Autre tendance que n’avait pas prévu Washington : le retour de la Russie en Irak, qui ne sera finalement donc pas une chasse gardée américaine. Par le passé, le régime de Saddam Hussein était un excellent client de l’industrie de défense soviétique. Et visiblement, ses successeurs ont l’intention d’en faire de même.

Ainsi, Bagdad vient de passer une commande de 4,2 milliards de dollars auprès de Moscou pour la livraison de matériels militaires. Aucun détail n’a été fourni sur la nature des équipements concernés, si ce n’est que le quotidien russe Vedomosti a avancé que 30 hélicoptères d’attaque Mi-28 NE ainsi que 42 systèmes de missiles sol-air courte/moyenne portée Pantsir-S1  font partie du lot. Il serait aussi question d’avions Sukhoï et MiG.

« Il est clair qu’on a surestimé l’influence des Etats-Unis sur l’Irak. Le gouvernement chiite de ce pays mène une politique de plus en plus indépendante à l’égard de Washington et s’oriente de plus en plus sur l’Iran », a ainsi commenté, pour Ria Novosti, Rouslan Poukhov, directeur du Centre russe d’analyse des stratégies et technologies.

Toutefois, ces armements devront côtoyer des équipements d’origine américaine. Récemment, l’Irak a en effet commandé des avions de type F-16 et pris livraison d’une centaine de chars lourds M1 Abrams.

« En ce qui concerne l’achat d’armes, nous nous basons sur nos besoins. Nous achetons les armes dont nous avons besoin pour lutter contre le terrorisme » a expliqué Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien, actuellement en visite officielle à Moscou.

Par ailleurs, l’armement n’est pas le seul domaine concerné par le renouveau des relations russo-irakiennes. Celui de l’énergie figure également en bonne place. Ainsi, la compagnie russe Lukoil a obtenu un contrat de mise en valeur d’un gisement de pétrole situé à Qurna, de même que le groupe Gazprom Neft exploite le champ pétrolier de Badra, au sein d’un consortium.

« Les liens russo-irakiens dans le passé étaient très étroits et solides. Je suis sûr qu’il en sera ainsi dans le futur. Il y a une volonté des deux parties de développer et de renforcer nos relations » a commenté Nouri al-Maliki, à l’issue d’un entretien avec Dmitri Medvedev, son homologue russe.

Visiblement, la Russie, qui était opposée à l’intervention américaine en Irak, semble bien mieux traitée que la France, laquelle, partageant la même position, avait menacé d’user de son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies. Il était question, un temps, en 2011, de vendre 18 Mirage F1 rétrofités à Bagdad. Et il n’y a rien eu depuis.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]