Afghanistan : Le mandat de l’ISAF prolongé d’un an par les Nations unies

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, le 9 octobre, une résolution prolongeant d’un an le mandat de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan.

Le texte encourage la coalition internationale à « à continuer de former, conseiller et responsabiliser les Forces afghanes de sécurité afin de les rendre ‘autosuffisantes, viables, responsables et ethniquement équilibrées' », indique le communiqué des Nations unies.

Conformément à la stratégie définie à l’occasion du sommet de Lisbonne tenu en novembre 2010, la mission de l’ISAF doit se terminer à la fin de l’année 2014. D’ici là, elle sera dirigée par le général américain Joseph Dunford, dont la nomination à la tête de la coalition a été confirmée, le 10 octobre, par l’Otan . Comme Zone Militaire l’avait indiqué le mois dernier, il succèdera au général John Allen, appelé à devenir le prochain commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR).

« Notre stratégie fonctionne et notre calendrier reste inchangé » a par ailleurs affirmé Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Otan. Seulement, cet avis est loin d’être partagé.

Ainsi, Reto Stocker, le chef sortant du Comité international de la Croix Rouge (CICR) en Afghanistan, a dit « quitter ce pays avec une grande inquiétude » alors que « l’espoir d’un avenir meilleur s’estompe. »

« Depuis mon arrivée ici en 2005, les groupes armés locaux prolifèrent, les civils sont pris au piège non pas dans une mais dans plusieurs lignes de front », a-t-il expliqué, avant de souligner que « la population a de plus en plus de mal à obtenir des soins de santé. »

Et les analyses de certains centres de réflexion d’incitent pas à l’optimisme quant à  l’avenir de l’Afghanistan. Ainsi, la fondation Carnegie a récemment publié un rapport intitulé « Dans l’attente des taliban en Afghanistan », qui, comme son titre le suggère, prévoit l’effondrement du régime du président Hamid Karzaï une fois effectif le retrait de l’ISAF.

Dans une autre étude publiée le 8 octobre, l’International Crisis Group (ICG) n’est pas plus optimiste et fait part d’un « un risque réel que le régime de Kaboul ne s’effondre après le départ des troupes de l’Otan » étant donné que les forces de sécurité afghanes sont « dépassées et insuffisamment préparées pour la transition » et qu’une « nouvelle élection  bâclée (ndlr, un scrutin présidentiel est prévu en 2014) et les soulèvements en résultant pourraient les pousser vers le point de rupture. »

Ce rapport de l’ICG a été vivement critiqué à Kaboul, où il a été qualifié par un porte-parole de la présidence afghane « d’absurde » et « de tissu d’âneries. » « Nous avons une très longue histoire. Nous avons combattu contre des superpuissances. Nous savons comment défendre notre pays » a-t-il ajouté.

Pour le représentant de l’ONU en Afghanistan, Jan Kubis, cette estimation de l’ICG « n’est pas réaliste. » Et d’expliquer que « la communauté internationale est prête à tout faire » pour éviter le retour des taliban à Kaboul.

Idem pour le porte-parole de l’Alliance atlantique en Afghanistan, Dominic Medley. « L’Otan a confiance dans le fait que les forces de sécurité afghanes seront capables de sécuriser le pays en 2014 et au-delà », et cela grâce aux capacités « croissantes » des autorités et des forces de sécurité afghanes.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas question pour l’Otan d’abandonner définitivement l’Afghanistan à son sort une fois que la mission de l’ISAF aura pris fin. D’où la préparation d’une nouvelle mission, axée sur la formation, le conseil et le soutien des forces afghanes à partir de 2015 et dont les grandes lignes ont été approuvées lors d’une réunion des ministres de la Défense des Etats membres à Bruxelles, le 10 octobre.

« Cette mission ne sera pas une mission de combat », a expliqué Anders Fogh Rasmussen. « Son objectif est de s’assurer que l’Afghanistan ne sera plus jamais un repaire pour les terroristes », a-t-il ajouté.

A cette fin, les responsables militaires ont été chargés d’établir une planification opérationnelle, laquelle fera l’objet d’une concertation avec les autorités afghanes. Cette nouvelle mission exigerait la présence en Afghanistan de 10.000 à 20.000 hommes, qui seront, probablement difficiles à trouver.

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