Le Pentagone bloque la modernisation des AWACS français

Voilà une affaire qui  donnera certainement du grain à moudre à ceux qui s’opposent aux achats d’armements « sur étagère ». En février 2010, la France avait signé un contrat avec Boeing dans le cadre du dispositif américain des Foreign Military Sales (FMS) afin de porter les 4 avions E3-F SDCA (Détection et commandement aéroportés, soit AWACS pour l’Otan) de l’armée de l’Air au standard Block 40/45.

« Cette modernisation, la plus importante effectuée à ce jour pour les AWACS français, va permettre à ces avions de disposer d’informations plus exploitables et d’une meilleure conscience de la situation » avait expliqué, à l’époque, un responsable de Boeing.

Il était donc prévu d’intégrer, à partir de 2012, de nouveaux équipements électroniques ainsi que des logiciels plus performants pour traiter les informations obtenues via le standard de liaison de données L16 et les radars. L’intégration de ces nouveaux matériels devait être effectuée par Boeing, dans les ateliers d’Air France Industrie situés au Bourget.

Pour rappel, les E3-F, développés à partir d’une cellule d’un Boeing 707, avaient été commandés par la France en 1987 auprès des Etats-Unis. Mis en service au début des années 1990, ils sont mis en oeuvre depuis la base aérienne 702 de Bourges-Avord par  l’Escadron de Détection et de Commandement Aéroporté (EDCA) 00.036 « Berry ».

Le coût de l’opération avait été estimé à 466 millions de dollars, dont 326 millions revenaient au constructeur américain chargé de la modernisation des E3-F, au sujet de laquelle personne n’avait rien trouvé à redire. Sauf jusqu’à récemment.

Comme, en effet, ce programme suppose la livraison de modules qu’il juge maintenant trop sensibles pour être exportés, le Pentagone s’est depuis ravisé, bloquant ainsi la modernisation des avions français, laquelle aurait dû commencer en juin dernier.

Cette décision contraint donc à modifier le projet initial, ce qui, selon Defense News, et en plus de causer des retards, pourrait limiter la portée de la modernisation des E3-F, ou encore faire augmenter les coûts.

D’ailleurs, quoi qu’il arrive, la France aura à payer un supplément de 5 millions de dollars, que le Pentagone refuse de prendre à sa charge, même s’il est directement responsable de cette situation. Une partie de cette somme correspond aux frais engagés par Boeing pour ses équipes présentes à Paris et qui sont maintenant au chômage technique.

L’estimant importante pour la « coopération transatlantique », l’ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air (CEMAA), le général Paloméros, désormais à la tête du Commandement Allié Transformation (SACT) de l’Otan, a déclaré, le 10 septembre, que cette modernisation des E3-F est « indispensable pour l’interopérabilité ».

NB : Contactée, la DGA n’a pour le moment pas répondu aux questions de Zone Militaire relatives à ce dossier.

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