Lockheed-Martin sévèrement critiqué par le responsable chargé du programme F-35 au Pentagone

Nouveau responsable du programme F-35 au Pentagone, le major-général Christopher Bogdan n’a pas mâché ses mots pour qualifier sa relation entre ses services et le constructeur Lockheed-Martin, qui développe cet avion appelé à devenir l’épine dorsale des forces aériennes américaines.

« C’est la pire que j’aie jamais vu » a-t-il affirmé le 17 septembre, devant une centaine de membres de l’Air Force Association, à National Harbor (Maryland). « L’on ne doit pas prendre 10, 11  ou 12 mois pour négocier un contrat avec quelqu’un avec qui nous sommes en affaire depuis 11 ans » a-t-il déploré pour illustrer son propos, en prenant l’exemple des négociations en cours sur le 5e lot de production de l’appareil.

« Aujourd’hui, je vais gérer ce programme comme s’il n’y avait pas plus de temps et plus d’argent » a-t-il affirmé. Et la façon dont sont traitées les affaires avec Lockheed-Martin doivent « fondamentalement changer » a-t-il ajouté.

Pour le major-général Bogdan, le programme F-35, le plus important actuellement pour le Pentagone, présente actuellement deux problèmes majeurs. Le premier concerne le casque qui fait partie intégrante du système d’armes de l’appareil.

« Vous ne pouvez pas aller à la guerre et combattre avec cet avion sans ce casque » a affirmé l’officier. Or, a-t-il poursuivi, « aujourd’hui, nous avons un casque qui fonctionne d’une manière rudimentaire » a-t-il encore poursuivi.

En cours de developpement chez Vision Systems International, un joint-venture détenu par Elbit Imaging et Rockwell Collins, cet equipement doit permettre au pilote de voir sur sa visière toutes les données relatives au vol de son avion, obtenues grâce à des capteurs disséminés dans l’avion.

Mais, le 7 septembre dernier, le Pentagone a été contraint de reporter une série de tests opérationnels avec ce casque en raison de retards pris pour sa mise au point. Et, a priori, cela semble sérieux car Lockheed-Martin a annoncé avoir contacté BAE Systems pour trouver une solution de rechange dans le cas où VSI ne respecterait pas les délais imposés. « Nous sommes en train d’évaluer la rapidité avec laquelle on peut obtenir le casque de rechange » a précisé le major-général Bogdan.

L’autre sujet d’inquiétude dont le major-général Bogdan a fait part concerne le logiciel ALIS (Autonomic Logistics Information System) qui compte 10 millions de lignes de code et sans lequel le F-35 serait aussi utile qu’une valise sans poignée. Or, là-aussi, le développement de la version « Block 3 », sans laquelle les avions ne pourront pas être déclarés opérationnels, a pris du retard alors que la complexité augmente. « Le logiciel est un risque énorme » a déclaré le responsable.

Lancé en octobre 2001 avec l’idée de produire un avion à un prix raisonnable compte tenu du nombre d’exemplaires commandés (2.443 rien que pour les Etats-Unis), le programme F-35 Lightning II est devenu le plus cher de l’histoire de l’aéronautique. En avril  2012, le Pentagone a évalué son coût global (développement, assemblage, exploitation, maintien en condition opérationnelle et modernisation) à 1550 milliards de dollars sur une période de 50 ans, dont 396 milliards de dollars rien que pour la mise au point.

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