Le réseau Haqqani classé comme groupe terroriste par Washington

A l’origine de plusieurs attentats en Afghanistan, dont celui commis en décembre 2009 contre des agents de la CIA (7 tués) à Khost, « protecteur » et allié d’al-Qaïda et du mouvement taleb pakistanais et élément actif de l’insurrection dans l’est de afghan, le réseau Haqqani n’était jusqu’à présent pas considéré comme étant un groupe terroriste par Washington. Ce n’est désormais plus le cas.

En effet, après plusieurs semaines de débats, l’administration Obama a estimé que le réseau Haqqani, dont la base arrière est située dans le Nord-Waziristan, une zone tribale pakistanaise, « remplit » tous les critères d’une « organisation terroriste étrangère ».

Fondé dans les années 1980 par Jalaluddin Haqqani, qui a été le premier chef afghan à reprendre une ville aux communistes, en l’occurrence de Khost, le réseau a bénéficié par le passé du soutien américain pour sa lutte contre l’Armée Rouge, mais aussi d’aides fournies par l’Arabie Saoudite et le Pakistan.

Décrit comme étant la « bonté incarnée » par l’élu démocrate du Texas Charlie Wilson, Jalaluddin Haqqani, converti très tôt aux thèses islamistes, a été le ministre des Frontières et des Affaires tribales du mouvement taleb, alors au pouvoir à Kaboul en 1996.

Cette décision aura donc pour effet « l’interdiction de tout soutien matériel ou financier au réseau Haqqani et le gel de tous les biens et intérêts de cette organisation aux Etats-Unis ».

La semaine passée, le New York Times expliquait que cette mesure permettrait « d’assécher ses sources de financement dans des pays comme l’Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis, de presser le Pakistan à mener contre lui les opérations militaires promises depuis longtemps. »

Pour autant, certains membres de l’administration américaine s’était opposés à cette décision, en faisant valoir qu’elle risquait de tendre les relations avec le Pakistan, où le réseau Haqqani bénéficie d’appuis, notamment au sein de l’Inter-Services Intelligence (ISI), les services de renseignement pakistanais, et de rendre plus compliquées les négociations avec le mouvement taleb afghan.

De leur côté, les insurgés afghans ont réagi à la décision américaine prise le 7 septembre. « Il n’y a aucune entité séparée ou réseau du nom d’Haqqani en Afghanistan » a fait savoir, par voie de communiqué, le mouvement taleb, qui a qualifié « l’honorable Mawlawi Jalaluddin Haqqani de membre du conseil dirigeant des talibans et d’associé loyal et fidèle du Mollah Omar. »

« Les Etats-Unis, en ayant recours à ce complot satanique, cette action inhumaine et criminelle, cherchent à créer et à mettre sur une liste noire une entité séparée dans les rangs organisés et unifiés des rebelles, mais s’exposent à la colère des musulmans, ont mis en garde les talibans » a-t-il ajouté, assurant que cette mesure « sera sans effet. »

Seulement, cette décision « sans effet » a motivé l’attentat qui, commis le 8 septembre dans la « Zone Verte » de Kaboul (ndlr, le quartier des ambassades, pourtant hautement protégé) par un kamikaze de 16 ans, a fait au moins 6 tués.

Du moins, c’est ce qu’ont prétendu les insurgés qui ont assuré avoir visé « la CIA » en représailles du placement du réseau Haqqani sur la liste des mouvements terroristes. Mais en fait, il semblerait plutôt que l’objectif était une assemblée d’une centaine de dignitaires, rassemblés pour écouter un discours du premier vice-président Mohammad Qasim Fahim à l’occasion de l’anniversaire de la mort du commandant Ahmed Shah Massoud.

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