La France va aider le Nigeria en matière de lutte contre le terrorisme

A l’occasion d’une visite officielle au Nigeria, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a assuré Abuja du soutien de Paris dans sa lutte contre le terrorisme. « Nous combattrons ce phénomène » a-t-il affirmé, après avoir rencontre son homologue nigerian, Olugbenga Ashiru, le 12 novembre.

« La France est directement concernée et impliquée dans la question du terrorisme », a-t-il poursuivi. « Nous sommes totalement solidaires avec les pays autour de la région du Sahel », a-t-il encore ajouté.

Ce soutien français aux autorités nigerianes consisterait à un partage d’informations, à la coordination des services de renseignement des deux pays ainsi qu’à une aide en matière de formation. Il s’agit surtout de cibler le terrorisme islamiste, qui prend de l’essor dans le nord du pays.

Depuis quelques années, en effet, le Nigeria, déjà miné par des tensions communautaires qui ont donné lieu à des affrontements entre musulmans et chrétiens, doit faire face à la menace constituée par des groupes islamistes, bien que la charia s’applique depuis 2000 dans une douzaine d’Etats.

Ainsi, en juillet 2009, le mouvement des taliban nigerian, qui n’a aucun lien avec ceux qui entretiennent l’insurrection en Afghanistan, si ce n’est la volonté d’établir un Etat islamique « pur », a lancé une série d’attaques dans quatre régions du pays (Bauchi, Borno, Yobe et Kano) qui a donné lieu à une répression qui n’a pas fait dans la dentelle. Bilan : 600 tués, dont 300 militants islamistes, parmi lesquels le fondateur de l’organisation, Mohamed Yusuf, ainsi que son second, Abubacar Shekau.

L’on pouvait penser que ce mouvement taleb nigerian, appelé Boko Haram, allait disparaître en même temps que ces deux dirigeants. Seulement, il n’en a rien été. Au contraire même, cette organisation a intensifié ses actions, en perpétrant des attentats avec des engins explosifs improvisés, visant notamment les chrétiens à Jos, à partir de 2010, ainsi que les forces de sécurité. Et, en juin dernier, pour la première fois semble-t-il, le mouvement a lancé une attaque suicide contre un commissariat d’Abuja.

Deux mois plus tard, le 26 août, Bolo Haram a revendiqué l’attentat suicide commis contre le siège de l’ONU à Abuja (24 tués). Plus récemment, le 5 novembre, ce mouvement a lancé une vague d’attaques contre des postes de police et des églises à Damaturu, tuant au moins 150 personnes.

Pour certains experts, l’évolution du mode d’action de ce mouvement serait le signe d’une influence extérieure. Le général Carter Ham, le chef de l’US Africom, le commandement américain pour l’Afrique, a récemment déclaré que « Boko Haram coordone de plus en plus d’activités avec AQMI (ndlr, al-Qaïda au Maghreb islamique) tout en maintenant un partenariat souple avec les insurgés Shebab en Somalie ». D’où la mise en garde faite par l’officier sur une possible « alliance terroriste panafricaine ».

Par ailleurs, outre la menace islamiste, le Nigeria est aussi confronté au groupe terroriste du MEND (Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger), lequel, bien qu’il ait accepté un cessez-le-feu en 2010, a relancé ses opérations après avoir commis un attentat à la voiture piégée à Abuja, le 1er octobre dernier, jour du 50ème annniversaire de l’accès à l’indépendance du pays. Cette organisation s’en est régulièrement pris aux installations pétrolières nigerianes, ce qui ne doit pas laisser insensible la firme Total, qui est l’une des plus importantes du secteur au Nigeria.

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