La formation de l’armée nationale afghane suit les prévisions de l’Otan

D’ici à la fin de l’année 2014, les forces de sécurité afghanes devront être capables d’assurer seules la sécurité de leur pays, ce qui permettra un retrait des troupes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), sous commandement de l’Otan.

Tel a été, en tout cas, la feuille de route fixée lors du dernier sommet de l’Alliance atlantique, qui s’est tenu à Lisbonne, en novembre dernier. Depuis, la responsabilité de 7 secteurs, dont celui de Kaboul, la province du Panshir ainsi que les ville de Mazar-e-Sharif et de Lashkar Gah, située dans un fief taleb, a été transférée aux forces afghanes. D’autres vont suivre d’ici peu, dont probablement le district de Surobi, ce qui permettra un retrait d’environ un millier de militaires français du théâtre afghan.

Pour arriver à cet objectif, il faut former, d’ici la date fixée, plus de 300.000 hommes, dont 195.000 soldats. Autant dire que la tâche est énorme, étant donné que l’on part presque de zéro.

Mais selon le major-général canadien Michael Day, lequel a la responsabilité du volet militaire de la mission de formation de l’Otan en Afghanistan (NTM-A), la montée en puissance de l’armée afghane est dans les temps, malgré les difficultés.

Ainsi, les effectifs de l’armée nationale afghane (ANA) sont passés de 152.000 à 170.000 hommes depuis le début de l’année 2011. Ce recrutement massif laisse cependant craindre que la quantité est privilégiée par rapport à la qualité, avec le risque d’infiltrations d’insurgés dans les rangs des recrues afghanes. D’autant plus que le taux de désertion est élevé, avec plus d’un tiers des engagés qui ne rejoignent pas leur unité.

Pour autant, le major-général Day reste confiant. « Cela n’affecte pas notre capacité à atteindre le chiffre que nous voulons. On nous a demandé de lever une armée nationale de 195.000 hommes avant la fin 2014. Nous sommes tout à fait dans les temps » a-t-il assuré, lors d’un conférence de presse donnée le 12 septembre.

L’officier canadien a en outre expliqué que des critères rigoureux ont été mis en place pour faire la sélection des futurs engagés parmi les « milliers de jeunes afghans qui se présentent chaque mois dans les centres de recrutement ».

Cela étant, la mission de formation est compliquée par l’illetrisme. « C’est un grand défi que de former une armée qui ne sait ni lire ni compter » a souligné le major-général Day. Etant donné que l’ANA est en passe d’être dotés de matériels relativement récents, il faut que les recrues soient en mesure de lire et de comprendre les manuels d’utilisation. Aussi, 3.000 instructeurs afghans ont été formés pour y remédier. S’ajoute également la barrière de la langue entre les soldats de l’ANA, les uns parlant le pashto, les autres le dari, quand ce n’est pas un dialecte propre à leur éthnie d’origine..

Par ailleurs, le major-général américain Peter N. Fuller, un des responsables de NTM-A, a indiqué que la formation des recrues a enfin pris en compte les particularités locales. Il n’est donc plus question de faire adpoter à l’ANA les normes occidentales.

Et l’officier a donné quelques exemples assez éloquents. Ainsi, les salles de bains des casernes afghanes étaient construites en fonction des standards américains. « Mais les Afghans se lavent les pieds avant de faire leurs prières, alors ils tentaient de se percher sur le bord d’un lavabo en porcelaine et cela n’a pas très bien fonctionné. Donc, maintenant, nous l’avons changé » a-t-il déclaré au cours d’une table ronde avec la blogosphère de défense américaine.

Pour le moment, l’armée nationale afghane est essentiellement composée de fantassins. Et cela n’est évidemment pas suffisant pour assurer l’ensemble des missions qui lui seront confiées à l’avenir. Il lui faut en effet former une composante aérienne et accroître les capacités de ses forces terrestres.

Et la France est particulièrement engagée sur ce dernier point, dans le cadre de l’opération Epidote. Outre la formation des officiers, des forces spéciales (à l’Afghan Commando School, ndlr), des fantassins et du personnel de santé, les militaires français sont aussi impliqués dans la mise sur pied d’unités du génie, d’artillerie et de blindés.

Ainsi, l’armée française a pris en charge l’école afghane des blindés, située à Pul-e-Charkhi, à l’est de Kaboul. Cette dernière, inaugurée en janvier 2011, vient de former son premier bataillon (kandak 2), appelé à utilisé le véhicules américain M-113.

La trentaine d’instructeurs français a été chargée de former les 7 bataillons afghans qui formeront par la suite une force de réaction rapide pour chaque corps d’armée. Actuellement, et outre le M-113, la composante « arme blindée cavalerie » de l’ANA dipose d’une quarantaine de chars d’origine soviétique T-62. A l’avenir, elle devrait compter sur 400 blindés M1117 ASV fabriqués par Textron, en Louisiane, payés à hauteur de plus de 650 millions de dollars par le Pentagone.

Seulement, il se posera un autre défi après 2014… En effet, la maintenance de ces véhicules sera assurée pendant 3 ans. Que deviendront-ils après si la chaîne d’approvisionnement en pièces détachées est rompue?

Photo : Soldats afghans sur un M113 (c) Armée de Terre, ADJ DHE

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