Hôtel de la Marine : Le Louvre tient la corde

En 2014, l’état-major de la Marine nationale quittera l’Hôtel de la Marine, un bâtiment de prestige, jumeau de l’Hôtel Crillon, situé place de la Concorde à Paris, pour rejoindre le « Balardgone », autrement dit, le fameux « Pentagone à la française ».

Construit par l’architecte Jacques-Ange Gabriel au XVIIIe siècle, cet ancien Garde-Meuble de la Couronne sous l’Ancien Régime aurait dû occupé par un opérateur privé à l’issue d’un appel à projets, dans le cadre d’un bail emphytéotique (longue durée).

Cette perspective a suscité une polémique et surtout de vives protestations de la part des défenseurs du patrimoine, notamment hostile à ce que l’Hôtel de la Marine soit confié au promoteur Alexandre Allard, qui avait l’intention d’y installer des galeries d’art, ainsi qu’un hôtel de luxe.

Pour calmer les esprits, le président Sarkozy a mis en place une commission, sous l’autorité de l’ancien locataire de l’Elysée, Valéry Giscard d’Estaing, qui avait d’ailleurs signé une pétition pour que le bâtiment reste dans le giron de l’Etat.

Ainsi, après 19 auditions de candidats publics ou privés pour occuper l’Hôtel de la Marine, ainsi qu’une quinzaine de réunion, la commission a finalement recommandé que le Musée du Louvre soit retenu comme partenaire privilégié de l’Etat pour la gestion du monument, après qu’elle a indiqué avoir « écarté du champ de ses réflexions ceux qui reposaient sur une vente déguisée du bâtiment à des acteurs privés à objectifs purement financiers ou spéculatifs » et posé comme principe que « les immeubles qui ont abrité les activités souveraines du peuple français et qui présentent un intérêt historique et architectural majeu ne peuvent être ni vendus ni concédés ».

La commission, qui doit rendre son rapport définitif en septembre, préconise d’associer l’Etablissement public du Louvre à des partenaires, comme le musée des Arts Décoratifs, les collections du Cabinet des Médailles ou encore le Mobilier national. Ainsi, des objets d’art de patrimoine national seraient exposés à titre temporaire dans des « Galeries du Trésor français »

D’autres parties du bâtiment, notamment les bureaux, pourraient aussi être attribués à des organismes publics (Cour des comptes, Académie de Marine) ou loués à des opérateurs privés représentatifs du milieu culturel, selon un cahier des charges strict, les loyers perçus contribuant ainsi « à l’équilibre financier de l’opération ».

Le choix final reviendra au président de la République. Le bail emphytéotique de 60 à 80 ans qui était initialement prévu, aurait dû rapporter 300 millions d’euros au budget du ministère de la Défense (soit trois fois plus que les surcoûts de l’opération en Libye, hors MCO), au titre des recettes exceptionnelles.

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