Une réflexion pour un monument dédié aux militaires morts en opex

Pour le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Elrick Irastorza, « l’indifférence caractérise désormais le plus souvent la relation entre le soldat et la Nation ». Invité à s’exprimer par la revue Inflexions en avril dernier lors d’une journée d’études organisée à l’Hôtel des Invalides, il a précisé que « nos soldats le vivent mal par rapport au sacrifice qu’ils consentent dans leur vie de tous les jours et bien sûr en opération ».

Comme l’ont fait remarquer des associations de soutien aux militaires français en opération extérieure, quand l’un d’entre eux perd la vie en mission, cela est souvent traité comme un fait divers comme un autre par la presse. « La mort au combat était autrefois une mort glorieuse, elle est en passe de devenir une simple mort violente, voire douteuse », s’est inquiété le général Irastorza.

Aussi, à la demande de ce dernier, le ministère de la Défense a confié au général Bernard Thorette, ancien chef d’état-major de l’armée de Terre et président de l’association Terre Fraternité, une mission de réflexion pour construire à Paris un monument dédié aux soldats français morts en opérations extérieures, qui, depuis 1962, sont plus de 600. Un rapport, établi avec les contributions de l’écrivain François Sureau et l’histoirien Maurice Vaïsse, devrait être remis en septembre prochain.

Cela étant, le ministère de la Défense a été pris de vitesse par l’Association de défense des droits des militaires (Adefdromil) qui a, le mois dernier, adressé un courrier au maire de Paris, Bertrand Delanoë, d’ériger un monument à la mémoire des soldats morts en opex.

« Le Conseil de Paris a adopté à l’unanimité les 7 et 8 février 2011 la proposition (…)de donner le nom de Mohamed Bouazizi à un lieu de Paris. Ce jeune Tunisien qui s’est immolé par le feu (…) est à l’origine de la révolution dite ‘de jasmin’, qui a mis fin à la dictature du clan Ben Ali en Tunisie » a rappelé Michel Bavoil, le président de l’Adfdromil, dans sa lettre. « Depuis le début de l’engagement de l’armée française, sous le gouvernement de M. Lionel Jospin, 55 militaires Français sont morts, à ce jour en Afghanistan. Leur sacrifice au nom de la France et de ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, est-il moins important que celui de M. Bouazizi? » s’est-il interrogé.

Et 10 jours plus, un conseiller de Bertrand Delanoë a répondu à l’Adefdromil en indiquant que la Ville de Paris « a donné son accord pour que soit un érigé un monument à la mémoire des militaires morts en opérations extérieures ». Cependant, il est question, pour le moment, d’un « accord ». Rien n’est dit au sujet au financement du monument, ni sur son implantation.

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