Libye : La coalition internationale peine à se doter d’un commandement unique

Actuellement, les opérations menées par la coalition internationale en Libye dans le cadre de la résolution 1973 des Nations unies sont coordonnées depuis le quartier général de l’US Africa Command, à Stuttgart, en liaison notamment avec le Centre de défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) de Lyon-Mont-Verdun et de l’état-major britannique de Northwood.

Seulement, pour des raisons de politique intérieure, les Etats-Unis n’ont pas l’intention de s’impliquer durablement dans l’affaire libyenne. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, l’a récemment affirmé au cours d’un déplacement en Russie. Selon lui, c’est l’histoire de quelques jours, le temps de se mettre d’accord sur les modalités du transfert du contrôle du commandement des opérations. Et c’est justement là où le bât blesse.

Pour certains pays qui ont donné des moyens militaires à la coalition internationale, l’Otan doit prendre la tête des opérations. C’est notamment le cas de l’Italie, qui, par la voie de son ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, a estimé que l’organisation atlantique « a la capacité et l’expérience pour mener une action bien coordonnée ». Le Royaume-Uni, qui a soutenu l’initiative diplomatique française devant le Conseil de sécurité des Nations unies pour faire adopter la résolution 1973, est aussi sur cette position.

Mais pour Paris, il n’en est pas question, car mettre l’Alliance atlantique en première ligne serait donner un mauvais signe au monde musulman. « La Ligue arabe ne souhaite pas que l’opérations soit entièrement placée sous la responsabilité de l’Otan. Ce n’est pas l’Otan qui a pris l’initiative au jour d’aujourd’hui » a fait valoir Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères.

Pour autant, Washington n’a nullement envie de laisser le leadership des opérations à Paris. Les habitudes ont la vie dure. Comme le note un éditorialiste du Washington Post, Jim Hoagland, « de la Seconde Guerre Mondiale à l’affaire irakienne, (…) les Américains ne réalisent pas que la France est l’une des seules puissances militaires capables d’agir » et s’estiment les seuls à être en mesure de « remplir la plupart des missions ».

Cependant, à force de discussions, un accord semble se dessiner entre les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. A l’issue d’un entretien téléphonique entre Barack Omaba et Nicolas Sarkozy dans la soirée du 22 mars, la Maison-Blanche a évoqué un « rôle clé » de l’Otan dans la conduite des opérations tandis que l’Elysée a parlé d’un « soutien ».

Quoi qu’il en soit, il est exclu que le pilotage politique des opérations soit confié à l’Otan. Devant les députés, le même jour, Alain Juppé a annoncé la mise en place d’une telle structure avec le Royaume-Uni, réunissant les minstres des Affaires étrangères des pays engagés militairement au sein de la coalition.

En attendant, l’Otan a validé un plan militaire pour l’instauration de la zone d’interdiction aérienne au-dessus de la Libye, sans qu’une décision ne soit encore prise pour le mettre en application, selon Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

En revanche, le feu vert a d’ores et déjà été donné pour que l’organisation prenne en charge l’embargo maritime sur les armes à destination de la Libye. « Le chef suprême de nos opérations, l’amiral James Stravridis, va mobiliser les navires et les avions de l’Otan en Méditerranéé centrale » a fait savoir M. Rasmussen, qui a précisé que cela se fera « en coordination étroite avec la navigation commerciale et les organisations régionales ».

Les forces aéronavales qui seront impliquées auront pour mission de « surveiller, faire rapport si nécessaire, barrer la route aux navires soupçonnés de transporter illégalement des armes ou des mercenaires ». Si les contributions à cette opération sont les « bienvenues », celle de l’Allemagne fera défaut.

« L’Otan a décidé un embargo sur les armes contre la Libye, qui a aussi des conséquences concrètes pouvant se traduire notamment par un éventuel recours à des armes. L’Allemagne n’y participera » a déclaré un porte-parole du ministère allemand de la Défense. En conséquence, les frégates Lübeck et Hamburg ont été retirées de l’opération otanienne Active Endeavour, dont l’objet est de détecter les mouvement terroristes en Méditerranée.

Au total, ce sont 4 navires de la Deutsche Marine qui repasseront sous commandement national, de même que les 70 militaires allemands embarqués à bord des AWACS mobilisés pour Active Endeavoir. Ils devraient être envoyés en Afghanistan.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]