Libye : Les AWACS sont à l’oeuvre, dans l’attente de l’instauration d’une éventuelle zone d’exclusion aérienne

Sans trop de publicité, des avions de surveillance aérienne AWACS de l’armée de l’Air et de l’Otan effectue des missions au-dessus de la Méditerranée afin de suivre les mouvements d’avions libyens et de sécuriser ainsi les opérations d’évacuation de ressortissants étrangers menés par les navires aussi bien militaires que civils au large de la Libye.

Et, selon Ivo Daalder, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Alliance atlantique, « la décision a été prise pour améliorer la capacité de surveillance des Awacs de l’Otan pour la rendre permanente 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Nous aurons une meilleure idée de ce qui se passe vraiment dans cette partie du monde ».

Pour l’instant, l’idée d’instaurer une zone d’exclusion aérienne (No Fly Zone, NFZ) au-dessus de la Libye continue d’être étudiée. La France et la Grande-Bretagne sont à la pointe de ce projet, soutenu par la Ligue arabe et les pays du Golfe.

Mais pour qu’elle devienne effective, il faut qu’elle soit autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Et là, les choses commencent à se compliquer puisque la Russie, qui dispose d’un droit de veto, a exprimé son opposition. « Nous ne considérons pas une intervention étrangère, qui plus est à caractère militaire, comme un moyen de régler la crise en Libye. Les Libyens doivent trouver par eux-mêmes une solution à leurs problèmes » a ainsi déclaré, le 7 mars, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Quand bien même le Conseil de sécurité des Nations unies donnerait son accord, la mise en place d’une NFZ qui est, quoi qu’on en dise, une opération militaire, est plus facile à dire qu’à faire. Et l’efficacité de ce genre de mesure n’est pas garantie. Par exemple, la zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Bosnie (opération Deny Flight), dans les années 1990, n’avait pas empêché les exactions commises par les acteurs du conflit.

En outre, pour cette opération, il faudrait en l’air et quotidiennement environ une soixantaine d’appareils, allant des chasseurs aux ravitailleurs, en passant par les AWACS et les avions de guerre électronique, sans oublier les hélicoptères, qui, le cas échéant, pourraient être utilisés pour aller chercher des pilotes éventuellement abattus. Car si les sites de défense anti-aérienne libyens peuvent être facilement neutralisés par des frappes ciblées, ce n’est pas le cas des missiles courte-portée sol-air 9K32 Strela-2 (code Otan : SA-7)) et des canons anti-aériens ZSU 23-4 Shilka, dirigé par radar.

Quant à la flotte aérienne libyenne, il est difficile de savoir exactement à quoi s’en tenir. Globalement, l’on sait qu’elle est ancienne (essentiellement composée de MiG25 et MIG23) et que seulement la moitié de ses 300 appareils est en mesure de prendre l’air, avec des pilotes dont la qualité est sujette à caution, même si ils auraient été renforcés, paraît-il, par des aviateurs syriens.

Cela étant, la principale menace pour les rebelles libyens vient des hélicoptères d’attaque du régime du colonel Kadhafi (Mi-24 et Mi-35V), beaucoup plus difficiles à détecter dans le cadre d’une zone d’exclusion aérienne.

Aussi, les Etats-Unis se montrent prudents sur l’instauration de cette NFZ. Pour Ivo Daalder, « l’activité aérienne globale » des forces libyennes « n’a pas été un élément décisif » face à la rébellion pour le moment, même si des raids ponctuels ont été menés.

« Si elle est mise en place, une zone d’exclusion aérienne n’aura pas réellement d’impact sur ce qui se passe en ce moment. Cela ne signifie pas que nous ne devons pas nous en soucier, nous allons le faire. Mais cela ne résoudra pas tous les problèmes » a-t-il ajouté. Et le paradoxe de cette affaire est que c’est le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, qui a suggéré, le premier, la planification d’une telle opération. Cette idée avait d’ailleurs été fraîchement accueillie à Paris.

Parmi les autres options qui peuvent être appliquées, le recours aux opérations clandestines en est une. Il s’agirait de renforcer les rebelles et de venir en appui aux opérations de sabotage tout en brouillant les moyens de communication du régime de Kadhafi. Cela étant, l’idée de fournir des armes aux insurgés a été jugée « prématurée » à Washington.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]