L’armée irakienne n’est pas prête à se passer de l’aide américaine

A l’occasion du baptême de la nouvelle promotion de l’Ecole de guerre, en janvier dernier, le ministre de la Défense, Alain Juppé, a donné mandat aux stagiaires « d’imaginer non pas une, mais dix surprises stratégiques ».

Ainsi, l’hypothèse d’une invasion de l’Irak par l’Iran chiite pourrait-elle constituer véritablement une surprise? L’on sait que Téhéran tente de s’immiscer dans les affaires internes de son voisin, que les lieux saints du chiisme se trouvent au sud de l’Euphrate et que le sous-sol irakien recèle d’importantes réserves de pétrole.

De plus, l’armée irakienne souffre de faiblesses capacitaires qui sont compensées, pour le moment, par la présence de 50.000 militaires américains en Irak. Mais, à la fin de l’année, et conformément à l’accord négocié à la fin du mandat de George W. Bush entre Washington et Bagdad, le gouvernement irakien devra assumer seul la sécurité de son territoire.

Alors que le prochain budget du Pentagone compte sur un retrait d’Irak pour réaliser d’importantes économies sur ses dépenses consacrées aux opérations extérieures, le secrétaireà la Défense, Robert Gates, n’a pas écarté l’idée d’un prolongement de la présence militaire américaine en Irak.

« Il y a certainement un intérêt de notre part à disposer d’une présence supplémentaire (en Irak) », a-t-il ainsi affirmé devant la commission des Forces armées de la Chambre des représentants. « Et la vérité, c’est que les Irakiens rencontreront quelques problèmes qu’ils auront à affronter eux-mêmes si nous ne sommes pas présents en nombre suffisants » a-t-il poursuivi.

Dotée de forces terrestres relativement importantes, l’armée irakienne présente d’importants déficits capacitaires en matière de surveillance aérienne, de renseignement et de logistique. Et cela ne va pas s’arranger avec la récente décision de Bagdad de reporter l’achat d’avions de combat F16 auprès des Etats-Unis.

Par ailleurs, l’Irak n’en a pas encore fini avec le terrorisme et les tensions communautaires. Un attentat a encore fait 16 tués, le 17 février, à Mouqdadiya, au nord de Bagdad…

Mais pour que les militaires américains puissent rester en Irak, encore faut-il que le gouvernement irakien le souhaite. Le Premier ministre, Nouri al-Maliki, a déjà fait savoir qu’il n’était pas question de revenir sur l’accord de sécurité signé en 2008 mais, dans le même temps, il a laissé la porte ouverte pour que le Parlement approuve, éventuellement, une prolongation de cette présence américaine.

Du point de vue de Washington, le vent de révolte qui souffle sur le monde arabe peut remettre en question son influence militaire dans la région, qui sert aussi à dissuader l’Iran. Aussi, les évènements qui se passent à Bahreïn sont suivis de près : le quartier général de la Ve Flotte de l’US Navy y est installé.

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