Quand des enseignants jugent inutile de suivre une formation dédiée à la défense

« L’adhésion de la nation est la condition de l’efficacité de l’appareil de défense et de sécurité et de légitimité des efforts qui sont consacrés » peut-on lire dans le dernier Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale, publié en juin 2008.

Pour que cet esprit de défense soit enseigné, les ministères de l’Education nationale et de la Défense ont signé plusieurs protocoles au cours de ces dernières années. Et pour y sensibiliser les jeunes générations, encore faudrait-il que les professeurs, qui sont à leur contact quotidiennement, y soient préparés.

Tel était, sans doute, l’objet de la journée de formation du 3 décembre dernier, organisée aux lycées Gustave Eiffel de Bordeaux et Borda de Dax, à l’intention d’enseignants stagiaires.

Mais, visiblement, certains d’entre eux n’ont pas apprécié la conférence donnée par deux militaires d’active et un professeurs agrégé d’histoire-géographie, par ailleurs officier de réserve, au point que le SNES de l’académie de Bordeaux (Syndicat national des enseignants du second degré), s’est fendu d’un courrier adressé au recteur pour protester du « traitement intolérable » qui leur avait été réservé.

Le SNES a également joint à sa lettre des témoignages écrits par trois des stagiaires qui ont assisté à cette conférence. Ainsi, selon eux, cette séance de formation n’aurait été qu’une perte de temps et cet avis aurait été partagé par nombre de leurs collègues.

Quant au contenu, l’un des trois s’est dit  » profondément choqué par le choix des thèmes abordés et encore plus par le choix de certaines images. » Et de poursuivre : « On peut, en effet, se questionner quant à l’intérêt d’une propagande de l’insécurité sur fond de Twin Towers en flammes ! Aussi, il serait surement préférable, au moment où l’on tente de convaincre les jeunes professeurs qu’il ne faut pas hésiter à orienter leurs élèves vers l’armée ».

Pour le second, « la défense aujourd’hui : nouvelles menaces, nouvelles configurations, les enjeux », « un exemple de partenariat Défense/lycée », « le recensement et la JAPD » sont des thèmes « exotiques », servis « avec une sauce idéologique particulièrement intéressante ». Et de déplorer, aussi, d’avoir été « incité » à orienter les « élèves en difficulté vers des carrières militaires » et d’estimer, comme d’autres de ses collègues selon lui, d’avoir été victime « d’une mauvaise blague avec une caméra cachée ».

Enfin, ces stagiaires n’ont pas du tout apprécié d’avoir été rappelés à l’ordre par les militaires et l’inspecteur pédagogique régional. D’ailleurs, l’un des trois témoins de cette journée l’avoue : certains de ses « camarades » sont arrivés en retard. D’où certaines remarques concernant leur « posture professionnelle » et leur « déontologie ».

« Il faut rappeler que nous ne sommes pas une bande d’élèves dissipés (comme nos intervenants de Bordeaux l’ont cru), mais bien des professeurs et que si nous en arrivons à ce genre d’attitude il doit bien y avoir des raisons. Le temps de la remise en question est peut-être venu! » peut-on lire dans le témoignage d’un des trois professeurs stagiaires. Encore aurait-il fallu démontrer le contraire en arrivant à l’heure et en ne partant pas avant la fin de la séance, comme les enseignants sont en droit de l’exiger de leurs élèves. A moins que montrer l’exemple ne soit pas une vertu pédagogique.

Enfin, le troisième enseignant ayant témoigné par écrit se dit « irrité » d’avoir perdu son temps parce qu’il n’a rien appris alors que les enseignants sont « dans une période intense » dans les établissements : « remplir les appréciations et les notes dans les bulletins (…) participer aux conseils de classe, participer aux rencontres parents-professeurs ».

L’histoire ne dit pas si ces professeurs ont assisté aux « stages syndicaux » que propose le SNES de l’académie de Bordeaux et dont le programme est disponible sur le site Internet de cette organisation, avec en prime un modèle de mot d’absence afin de pouvoir y participer.

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