Pour la Cour des comptes, les hôpitaux militaires coûtent trop cher

La question avait déjà été abordée par la Cour des comptes en avril et le dernier rapport de cette dernière le confirme : les neuf hôpitaux d’instruction des armées (HIA) présentent un « déficit d’exploitation hors normes », lequel est évalué à 280 millions d’euros, ce qui correspond aux pertes cumulées de l’AP-Hôpitaux de Paris, de l’Assistance publique de Marseille et des Hospices civils de Lyon, alors que les établissements hospitaliers militaires ont une capacité équivalente à celle du CHU de Toulouse.

Bien qu’ayant des difficultés avec sa table de 9, le président de la Cour des comptes, Didier Migaud, estime que cela est « tout à fait considérable » et fait remarquer que les hôpitaux militaires se classent « parmi les 20% d’établissements hospitaliers les moins productifs ».

D’où son constat : le choix de conserver un réseau d’hôpitaux militaires dans les années 1990 « s’avère aujourd’hui coûteux et inadapté » et si le Service de santé des armées s’est ouvert au monde civil, c’est, toujours d’après Didier Migaud, par « opportunisme, essentiellement parce qu’il avait besoin d’une patientèle civile pour faire travailler ses équipes hospitalières ».

Cela étant, il est à noter que la Cour des comptes estime que l’activité VIP de l’établissement militaire du Val-de-Grâce (ndlr : qui soigne les personnalités politiques, françaises et étrangères, en toute discétion) est « justifiée ». « C’est incontestablement un hôpital particulier » a souligné Didier Migaud. Et s’il pouvait se doter d’un service d’urgence, ce serait encore mieux.

Les hôpitaux militaires, placés sous l’autorité de l’état-major des armées, sont appelés à être mobilisés dans le cadre de plans de secours gouvernementaux susceptibles d’être mis en oeuvre dans le cas d’un afflux massif de victimes dû à une pandémie ou à attaque bio-terroriste (Biotox). Mais leur mission prioritaire reste d’apporter des soins médicaux spécialisés aux forces armées, ce qui suppose, par exemple, la prise en charge des militaires blessés au cours d’une opération extérieure.

Mais, selon la Cour des comptes, 90% des patients admis dans HIA sont civils et 95% de l’activité médicale et chrirurgicale de ces derniers « n’a aucune spécificité militaire ».

Doté d’un budget annuel de 1,3 milliard d’euros, le Service de santé des armées (SSA) emploie 15.600 personnes, dont 2.000 médecins et 4.500 infirmiers. Pour Didier Migaud, il est « parfaitement en état de faire face aux besoins actuels » des armées. Cependant, « en cas de crise majeure, il manquerait des infirmiers de bloc opératoire et les équipes chirurgicales nécessaires » a-t-il poursuivi.

Le rapport de la Cour des comptes émet 14 recommandations pour améliorer la gestion du SSA, dont la réduction des coûts de formation « en limitant le personnel d’encadrement » de ses écoles ou encore la mutualisation de ses infrastructures et de ses équipements avec les établissements publics de santé ». Un autre mesure préconisée par la Rue Cambon ne sera pas forcément des plus populaires puisqu’il s’agirait de « facturer aux militaires et à leurs ayants droit les consultations et les soins pour des raisons ne relevant pas du service ».

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