Deux ans après le drame de Carcassonne, la justice patine

29 juin 2008. Une démonstration d’un Groupe de commandos parachutistes (GCP) du 3e Régiment Parachutiste d’Infanterie de Marine (RPIMa) vire au drame lors d’une journée « portes ouvertes » de cette unité. Un sous-officier ayant mis un mauvais chargeur dans son arme tire sur les spectateurs : une dizaine d’entre eux sont touchés, et même grièvement pour certains.

Ce sérieux incident suscitera la colère du président Sarkozy, qui prononcera le lendemain le mot « d’amateurs », sans que l’on sache vraiment si il concernait les organisateurs de la manifestation ou les militaires dans leur ensemble. Quoi qu’il en soit, cela provoquera la démission du général Bruno Cuche, le chef d’état-major de l’armée de Terre de l’époque.

Cela étant, l’enquête de commandement ouverte immédiatement après les faits avait établi que la gestion des munitions au sein du régiment présentait des dysfonctionnements, les cartouches réelles non utilisées n’étant pas systématiquement réintégrées après les exercices.

Deux ans plus tard, l’enquête portant sur ce drame n’a pas tellement avancé. Seul le sergent à l’origine du tir a été radié de l’armée et mis en examen. Cinq autres militaires appartenant ou ayant appartenu au 3e RPIMa, comme le chef de corps et son adjoint au moment des faits, ont également été sanctionnés par leur hiérarchie mais sans pour l’instant être inquiétés par la justice. Ils ont seulement été convoqués sous le régime de témoins assistés.

Pourtant, il y a encore un an, le procureur de la République de Montpellier, Brice Robin, assurait que la procédure allait « passer au stade supérieur après la fin du mois de mai (ndlr, 2009). Seulement voilà, entre-temps, l’enquête a changé de mains pour être confiée à Marie-Christine Desplat-Didier.

Et selon Brice Robin, « la nouvelle magistrate a peut-être eu du mal à s’investir dans ce dossier » et qu’elle « a repris un cabinet qui était un peu sinistré et elle n’a pas donné la priorité à ce dossier. Elle ne l’a pas investi assez rapidement. Mais elle a pris l’engagement de le faire. » Cela étant, elle devrait rapidement faire le choix de mettre de nouvelles personnes en examen dans cette affaire, avec un renvoi devant le tribunal correctionnel, ou de n’impliquer que le seul sous-officier, lequel a toujours admis sa responsabilité.

Toujours d’après le procureur de la République de Montpellier, le procès devrait avoir lieu d’ici à la fin de cette année. Et même si les officiers déjà sanctionnés pour cette affaire ne sont pas mis en examen, il se pourrait néanmoins qu’ils soient appelés à la barre.

C’est en tout cas ce qu’a clairement indiqué Me Etienne Nicollau, l’avocat d’une des familles victimes. « Si Vizioz (le sergent auteur du tir, ndlr) est renvoyé seul, nous ferons comparaître pour notre part la chaîne hiérarchique du régiment à la barre » a-t-il expliqué dans un courrier adressé au juge d’instruction. En effet, pour l’avocat, étant donné que ces cadres du 3e RPIMa ont été sanctionnés par leur hiérarchie, cela signifie qu’ils ont commis des fautes.

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