Opération imminente dans la province du Helmand

« Je continue à penser que la situation en Afghanistan est sérieuse. Mais je ne dis plus qu’elle se détériore. J’ai dit ça l’été dernier et je crois que c’était exact. Je vois les choses différemment aujourd’hui » a confié, la semaine passée à des journalistes, le général Stanley McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF).

Pourtant, quelques jours heures plus tôt, l’amiral Mike Mullen, le chef d’état-major interarmées américain, avait déclaré devant une commission du Congrès que l’influence des taliban s’étendait « bien au-delà » des provinces du sud afghan, qui sont restées leurs bastions traditionnels. Dans le même temps, le directeur du renseignement américain, Dennis C. Blair, estimait que les insurgés étaient « de plus en plus dangereux » et qu’ils avaient la capacité d’adapter leur tactique en fonction de l’arrivée de renforts. C’est en tout les cas ce qu’ils démontrèrent l’an passé. Et c’est sans doute ce qu’ils risquent de faire à l’occasion de l’arrivée programmée de 40.000 hommes supplémentaires (dont 30.000 soldats américains) que l’Otan compte déployer et dont les deux tiers sont attendus au printemps prochain.

Cela étant, il ne faut pas croire que seuls les taliban ont l’initiative sur le terrain. Ainsi, le 3 février, une commandant insurgé a été capturé et une cache d’armes a été découverte dans la province de Ghazni. Dans le Helmand, un bastion taleb « historique », les forces afghanes et américaines ont mis la main sur un important stock de fusils AK-47 (la Kalachnikov,ndlr), des lance-grenades et autres armes de différents types, au nord-ouest de Marjah. Et justement, l’on risque fort d’entendre parler souvent de cette localité dans les prochains jours.

En effet, bastion des taliban, elle sera le théâtre d’un importante offensive baptisée Mushtarak, ce qui veut dire Ensemble en dari. Menée conjointement par des troupes afghanes, des marines américains et des militaires britanniques, elle sera déterminante à plus d’un titre.

D’abord, elle fera office de test pour évaluer les capacités et la crédibilité de l’armée nationale afghane (ANA). « Si ce que nous faisons aujourd’hui n’implique pas demain les forces afghanes, que fait-on ici? Si tout ce qu’on fait contribue à les préparer, c’est la bonne façon de le faire » a ainsi estimé le général Larry Nicholson, le commandant des Marines dans le sud de l’Afghanistan.

Pour le général McChrystal, il s’agit d’envoyer un « signal fort » aux insurgés. Pour ces derniers, qui ont d’ailleurs fait savoir qu’ils sont « prêts à se battre », la vallée de Marjah a une importance stratégique. Ce secteur , qui a la particularité de disposer d’un vaste réseau d’irrigation mis en place il y a plusieurs années par l’aide américaine au développement, est un centre important de production d’opium, lequel sert à financer l’insurrection.

Aussi, l’offensive de l’ANA et de la Coalition doit impérativement être un sucès, tel que l’a défini le général James Cowan, le chef du contingent britannique dans le Helmand. « La contre-insurrection, c’est quoi? Ce n’est pas vaincre l’ennemi dans une bataille à l’ancienne. C’est gagner les gens à sa cause » a-t-il affirmé à Reuters. « Si nous voulons gagner ce combat pour le peuple, la phase décisive n’est pas le nettoyage mais la permanence de notre présence. Je ne parlerai pas du temps qu’il faudra pour nettoyer, mais pour ce qui est de rester, je vais être très précis. Il s’agira de rester pour toujours » a-t-il ajouté.

L’annonce d’une attaque prochaine en un lieu précis est de nature faire perdre le bénéfice d’un effet de surprise. Mais ce n’est pas ce qui est recherché par les planificateurs. En effet, il s’agit pour les militaires afghans et ceux de la Coalition de provoquer ainsi des défections dans les rangs taliban et de permettre également à la population civile de fuir la zone des combats. Par ailleurs, et si l’on se référe au passé, les taliban n’ont jamais offert une forte résistance lors de précédentes opérations de ce type, même s’ils clamaient qu’ils allaient se battre avec la dernière énergie : généralement, ils préférent se replier en bon ordre et gagner les zones montagneuses, à partir desquelles ils peuvent continuer leurs actions de guérilla.

Cependant, la date de cette offensive, préparée depuis des semaines, reste inconnue. L’on peut seulement supposer qu’elle est imminente étant donné que 400 soldats américains et 250 soldats afghans, accompagnés de leurs 30 formateurs canadiens, ont pris position, ce 9 février, en différents endroits situés au nord-est de Marjah. Le but de cette mission est, semble-t-il, de rechercher les endroits où seraient cachés des engins explosifs improvisés ainsi que des armes.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]