Attentats de Bagdad : L’Irak accuse la Syrie et l’Arabie Saoudite

C’est par un communiqué diffusé par des sites Internet proches de la mouvance islamiste que l’Etat islamique d’Irak, la branche irakienne d’al-Qaïda, a revendiqué les attentats de Bagdad, qui ont fait une 127 tués et 448 blessés, le 8 décembre dernier. En plus de cette revendication, le réseau terroriste a promis de nouvelles actions « jusqu’à ce que la loi islamique soit instaurée en Irak ».

Ce nouvel attentat d’envurgure – le troisième depuis le mois d’août – ont suscité une polémique au sujet de la politique sécuritaire de Nouri al-Maliki, le Premier ministre irakien. Pour calmer les critiques, ce dernier a limogé le général Abboud Quabar, le responsable des forces de sécurité à Bagdad, pour le remplacer par le général Ahmad Hachem Awoudeh.

« Les crimes portent l’empreinte du groupe terroriste al-Qaïda et des Baasistes (ndlr: les fidèles de Saddam Hussein), appuyés par l’extérieur. Les ennemis de l’Irak et de son peuple veulent créer le chaos dans le pays et perturber les élections », a affirmé M. al-Maliki après les attentats, dont le mode opératoire est effectivment semblable à celui utilisé habituellement par les jihadistes du réseau de ben Laden.

Pour les autorités irakiennes, il ne fait aucun doute que les terroristes ont reçu une aide extérieure pour préparer leur action meutrière. « Cette opération nécessite beaucoup d’argent, qui est venu de Syrie et d’Arabie Saoudite et ces pays étaient au courant » de ces transferts, a accusé le général Jihad al-Jabiri, le directeur de la police en charge du déminage, lors d’une conférence de presse. Ce responsable a par ailleurs précisé que les explosifs provenaient « de l’étranger ».

« Si vous voulez remplir (d’explosifs) une petite voiture, il vous en faut 850 kg et cela coûte 100.000 dollars. Mais hier, les attentats ont été commis à l’aide de camionnette et de pick-up » a-t-il affirmé en soulignant que « cet explosif est très cher et le plastic est très puissant ». D’où les suspicions d’une main étrangère dans l’organisation de ces attaques. Les accusations contre Damas ne sont pas nouvelles. En revanche, c’est la première fois que Bagdad implique Riyad dans des violences qui ont touché le pays.

Pour l’armée américaine, l’Iran cherche aussi à destabiliser l’Irak et à accroître son influence. En effet, le numéro deux des forces américaines déployées en Irak, le général Charles Jacoby a une nouvelle fois dénoncé le rôle de Téhéran.

« L’influence iranienne en Irak est contre-productive dans tous les domaines, politique, militaire, économique » a-t-il ainsi déclaré le 10 décembre. Mais cela n’est pas nouveau : cet état de fait avait déjà été dénoncé par plusieurs rapports du Pentagone, ces dernières années. « L’Iran continue de fournir de l’argent et des équipements aux terroristes, il se livre à une campagne d’intimidation au niveau politique, et crée des entreprises servant à mener des opérations de renseignement qui ne travaillent pas dans le meilleur intérêt du peuple irakien » a ajouté l’officier.

« Les Iraniens continiuent également de former les dirigeants des ‘groupes spéciaux’ de chiites extrémistes et « de leur offrir les moyens de retourner en Irak » a-t-il encore précisé. Au moins deux raisons peuvent expliquer l’attitude de l’Iran chiite.

La première est d’ordre à la fois politique et religieux. Etant donné que la population irakienne est dans sa grande majorité de confession chiite – comme les Iraniens – et que l’Irak abrite l’essentiel des lieux saints de cette branche de l’Islam, Téhéran cherche à affermir son influence dans la région, ce qui provoque des tensions avec les autres Etats du golfe Persique, au premier rang desquels on trouve l’Arabie Saoudite, qui craint l’établissement d’un « croissant chiite ».

Et puis, en maintenant un foyer d’instabilité sur un théâtre d’opérations où est engagé l’armée américaine, Téhéran compte empêcher une éventuelle intervention militaire américaine contre ses installations nucléaires, suspectées par une partie de la communauté internationale de faire partie d’un programme militaire.

Seulement, les forces américaines présentes en Irak passeront de 115.000 à 50.000 hommes d’ici à la fin d’août 2010, date à laquelle leurs missions de combat prendront fin, et cela, même si le pays connaît un regain de violence. Le chef du service de presse du Pentagone l’a une nouvelle rappelé à l’occasion de la visite surprise de Robert Gates, le secrétaire américain à la Défense, le 10 décembre. « Le général Odierno (le chef des troupes US en Irak) ne prévoit aucun report dans la réduction à 50.000 soldats des forces américaines en Irak » d’ici à l’échéance fixé, a-t-il déclaré à la presse.

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