Afghanistan : L’évaluation du Général Petraeus

On ne présente plus le général David Petraeus, l’actuel chef de l’US Centcom, le commandement américain en charge du Moyen Orient et de l’Asie centrale. Inspiré par les théories de contre-insurrection développée par le lieutenant-colonel français David Galula, cet officier avait appliqué en Irak – et avec succès – la stratégie qu’il avait recommandée au président Bush en janvier 2007.

C’est en effet à partir de cette date que les violences ont commencé à diminuer, permettant ainsi à l’administration américaine d’envisager le retrait de ses troupes, lequel sera totalement effectif en 2011. C’est donc dire l’importance que l’on doit accorder aux déclarations de cet officier concernant l’Afghanistan, d’autant plus que la nouvelle approche annnoncée par le président Obama ressemble, par certains points, à celle qui fut appliquée à la situation irakienne.

Le général Petraeus a donc eu l’occasion de s’exprimer devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, le 9 décembre dernier. Pour commencer, l’officier a estimé que la situation afghane n’est pas autant compliquée que celle qu’il avait eu à gérer en Irak en 2007.

« Bien sûr que l’Afghanistan est à coup sûr différent et par certains côtés plus dur que l’Irak mais la situation en Afghanistan n’est pas plus désespérée qu’elle ne l’était en Irak quand j’y ai pris mon commandement » a-t-il déclaré. « De fait, le niveau de violence et le nombre de morts violentes parmi les civils étaient beaucoup plus élevés en Irak que ce qu’on a pu voir en Afghanistan » a-t-il ajouté.

Cependant, et alors que le président Obama a fixé une date à partir de laquelle les troupes américaines commenceraient à se retirer du théâtre d’opérations afghan, le général Petraeus a averti que la mission « avancerait plus lentement que les progrès obtenus en Irak ».

Par ailleurs, le commandant du Centcom pense que les taliban bénéficent moins de soutien de la part de l’éthnie dont ils sont issus, à savoir les pachtounes, que les insurgés chiites et sunnites n’en avaient reçu de leurs coreligionnaires en Irak.

Le général Petraeus a également estimé que la corruption et les « graves abus de pouvoir de la part de certains dirigeants en tant qu’individus » ont sapé la « légitimité » du gouvernement afghan.

Quant à la situation au Pakistan, le général Petraeus a évoqué la « détermination » d’Islamabad à l’encontre des extrémistes qui menacent la stabilité de l’Etat pakistanais ». « Les offensives de l’armée pakistanaise au Bajaur, Mohmand, Khyber, Swat, Buner, Dir inférieur et maintenant au Waziristan du Sud, ont substantiellement affaibli les groupes de taliban pakistanais » a-t-il ainsi affirmé.

« La détermination des civils pakistanais et des responsables militaires à combattre la nébuleuse extrémiste est un important pas en avant qui facilite nos efforts pour affaiblir les groupes extrémistes qui se trouvent à la frontière (ndlr: afghane) et mettre en échec al-Qaïda » a-t-il ajouté, tout en relativisant, toutefois, la portée des actions de l’armée pakistanaise, qui ne s’est pas attaquée « directement aux sanctuaires des groupes de taliban afghans au Pakistan ». Et c’est justement là le problème.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]