Embuscade d’Uzbeen : L’Italie mise en cause

L’Italie a assuré, jusqu’en mai 2008, la responsabilité de la zone de Surobi, en Afghanistan. Pour s’assurer d’une certaine tranquilité, les services secrets italiens auraient versé des dizaines de milliers de dollars aux responsables taliban et autres seigneurs de guerre locaux de ce secteur. C’est en tout les cas ce qu’affirme le quotidien britannique The Times, dans son édition du 15 octobre.

Selon le journal, tout le monde était au courant de cette pratique, sauf les principaux intéressés, à savoir les militaires français, qui ont pris la suite de leurs homologues italiens dans cette région proche de Kaboul.

Ainsi, les troupes françaises n’auraient pas eu tous les paramètres en main pour évaluer la situation en Surobi, ce qui a eu de grave conséquences avec l’embuscade de la vallée d’Uzbeen et la mort de dix soldats. Cela explique, d’après The Times, le fait qu’elles aient été insuffisamment équipées pour mener leur mission le jour de l’attaque et qu’aucune disposition particulières n’aurait été prise pour s’assurer une couverture aérienne.

Pour étayer ses informations, le quotidien britannique cite un chef tribal de Surobi selon qui « les Italiens et les taliban avaient de bonnes relations ». « On savait que les taliban ne pratiqueraient pas d’attaques contre les Italiens, mais nous ne savions pas pourquoi » a-t-il ajouté. Et la démarche italienne n’aurait pas été du goût des Etats-Unis. « En juin 2008, plusieurs semaines avant l’embuscade, l’ambassadeur américain à Rome a entrepris une démarche, ou une protestation diplomatique, auprès du gouvernement italien de Silvio Berlusconi » avance le journal.

Ces informations ont été vigoureusement démenties par Rome. « Ce journal, une fois de plus, ne récolte que des ordures (…). Je n’ai jamais eu vent que les services secrets payaient les taliban » a déclaré, au quotidien Il Corriere della Sierra, le ministre italien de la Défense, qui a pris ses fonctions en.. juin 2008. Notons au passage la comparaison osée faite entre The Times et les tabloïds britanniques. Mais pour le ministre, la relative tranquilité en Surobi était due au comportement des militaires italiens. « Ils ont toujours manifesté une proximité humaine avec les gens et les gens leur rendeut la pareille. Les Italiens sortent, parlent avec des gens et ils gagnent leur confiance » a-t-il affirmé.

« Le gouvernement Berlusconi n’a jamais autorisé ni consenti aucune forme de paiement d’argent aux membres de l’insurrection talibane en Afghanistan, et n’a pas connaissance d’initiatives de ce type du gouvernement précédent (ndlr: celui de Romano Prodi, battu aux élections d’avril 2008) » a renchérit la présidence du Conseil italien, par voie de communiqué.

« Il suffit de rappeler que dans la première moitié de l’année 2008, les contingents italiens déployés en Afghanistan ont subu de nombreuses attaques, dont une spécifiquement dans la zone du district de Surobi, le 13 février 2008, qui a coûté la vie au sous-lieutenant Francesco Pezzulo » rappelle encore le texte.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]