La Grande-Bretagne va proposer une réduction de ses capacités nucléaires

En décembre dernier, le gouvernement britannique décidait de se retirer du capital de la compagnie AWE Management, spécialisée dans le développement et la maintenance des têtes nucléaires en revendant sa participation à l’entreprise américaine Jacobs Engineering. Le ministre de la Défense de l’époque avait assuré que les intérêts du Royaume avaient été préservés dans cette opération, ce que l’opposition conservatrice contesta (voir Zone Militaire du 22.12.2008).

Après cet épisode, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, va proposer, lors d’une session spéciale du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au désarmement, une réduction des capacités nucléaires de son pays en ne remplaçant que trois sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) sur les quatre actuellement en service au sein de la Royal Navy, sous réserve que d’autres pays suivent le mouvement.

« Si nous sommes sincèrement contre la prolifération nucléaire dans le monde, il faudra faire appel aux qualités de gouvernance et ne plus recourir à la stratégie de la corde raide » estime l’hôte du 10 Downing Street.

A la différence de la France, qui a gardé une composante aéroportée de sa dissuasion, celle du Royaume-Uni repose essentiellement sur l’utilisation de SNLE dotés de missiles balistiques américains depuis le Polaris Sales Agrement de 1963, révié en 1982. Par conséquent, quand Gordon Brown propose une réduction de l’arsenal nucléaire britannique dans le cadre de la rénégociation prochaine du Traité de non prolifération (TNP), on peut penser que Paris sera incité à en faire autant…

Cela étant, la Grande-Bretagne n’a pas l’intention de renoncer à la dissuasion nucléaire, même si ce concept a été remis cause au début de cette année par trois officiers généraux à la retraite.

Ces derniers, très critiques à l’égard de la modernisation de la force de frappe britannique, avait estimée que « les armes nucléaires s’étaient révélées complétement inutiles comme force de dissuasion face aux menaces » actuelles ou à venir. Ce à quoi le ministère de la Défense (MoD) avait répondu que le « maintien d’un minimum de force de dissuasion nucléaire » était incontournable au vue du la situation sécuritaire actuelle. Ce que le ministre des Affaires étrangères, David Milliband, a une nouvelle fois confimé ce 23 septembre.

Par ailleurs, si la réduction de la flotte de SNLE mis en oeuvre par la Royal Navy est confirmée, le gouvernement britannique réalisera ainsi plusieurs milliards de livres d’économie, à l’heure où le Royaume-Uni est confronté à une importante dette publique et à un contexte économique très délicat. Lancé par l’ancien Premier ministre Tony Blair, le programme de nouveaux sous-marins, dotés de missiles américain Trident D5 et visant à remplacer ceux de la classe Vanguard, devrait être mené à terme en 2024.

A lire sur ce sujet : La Dissuasion nucléaire est-elle encore nécessaire dans le contexte géostratégique actuel ? : rapport de 1ère phase [PDF] par l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale

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