La création d’un état-major européen ne fait aucun doute pour Hervé Morin

Bien que le Royaume-Uni avait fait un pas vers une défense européenne autonome à l’occasion du sommet franco-britannique de Saint-Malo, en décembre 1998, Londres s’est toujours opposé à la création d’un état-major opérationnel européen permanent, dont le siège pourrait être situé à Tervuren, non loin de Bruxelles, et qui serait indépendant de l’Otan. Du coup, l’on peut toujours fixer des objectifs en matière de défense commune : sans les moyens de planification et de conduite des opérations adéquats, ils sont plus difficiles à atteindre.

Pour Londres, l’existence d’une telle structure n’est pas justifiée car elle ferait doublon avec celles de l’Otan, alors que pour Paris, au contraire, elle serait complémentaire.

Cela étant, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, a estimé, ce 24 septembre, que les Britanniques finiront par accepter l’idée d’un état-major européen et de mettre ainsi un terme à une « contradiction absolue ». « On ne peut pas à la fois voulour rendre plus opérationnels les GT1500 (groupements tactiques de 1.500 soldats de l’UE) et refuser d’avoir un centre de commandement et de conduite des opérations à Bruxelles » a-t-il déclaré, lors d’un colloque sur l’Europe de la défense, organisé par la Fondation Robert Schuman.

Alors que l’Union européenne mène actuellement une douzaine d’opérations militaires (exemple : la mission Atalante au large de la Somalie), le ministre de la Défense a rappelé qu’ « il faut des semaines et des semaines pour mettre en place un état-major chaque fois que nous menons une opération et il perd l’ensemble de son acquis et de son savoir-faire le jour où on le dissout ».

Après avoir reconnu avoir échoué à mettre en place cet état-major européen à l’occasion de la présidence française de l’UE l’an passé, Hervé Morin s’est toutefois dit « convaincu » qu’un « centre de commandement, de planification et de conduite des opérations » finira par voir le jour « en Europe », du moins, après avoir réussi à « lever les réticences » des Britanniques à ce sujet.

Par ailleurs, le ministre a évoqué une proposition qui viserait à mettre en place un « Conseil des ministres de la Défense européens », à l’image de ce qu’il se fait pour d’autres domaines, comme par exemple les affaires étrangères et l’agriculture. Cette idée n’avait pas été soumise en 2008 « parce que nous avons vu que les choses n’étaient pas complètement mûres » a expliqué Hervé Morin, qui est néanmoins revenu sur la nécessité d’une « instance propre pour les ministres de la Défense de l’Union, pour peu que l’on veuille faire avancer la PESD (*) ».

(*) PESD : Politique européenne de défense commune

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]