L’Iran aiderait les taliban

Par le passé, le Pentagone a plusieurs fois dénoncé l’influence que l’Iran a cherché à établir en Irak, via notamment la fourniture d’armes et l’entraînement de groupes chiites radicaux. Cette fois, c’est en Afghanistan que des responsables de l’armée américaine et des services de renseignement soupçonnent Téhéran de vouloir y jouer un rôle en y soutenant l’insurrection à laquelle doivent faire face les forces de l’Otan.

Dans la ligne de mire : l’unité Qods (Jerusalem), en charge des activités à l’étranger, qui fait partie du corps des Gardiens de la Révolution. Pour étayer cette hypothèse d’un soutien aux taliban, le Pentagone a fait part de la récente découverte, dans l’ouest de l’Afghanistan et à proximité de la frontière avec l’Iran, d’une importante cache d’armes.

Des roquettes, des engins explosifs improvisés ainsi que des pénétrateurs explosifs capables de percer les blindages ont ainsi été trouvés. Et tout cet arsenal aurait une orgine iranienne.

Cependant, un tel soutien est loin d’être évident. En effet, si l’on peut facilement admettre que l’Iran chiite puisse aider des mouvements irakiens se réclamant de la même branche de l’Islam, il est en revanche beaucoup moins compréhensible qu’il en aille de même avec des radicaux sunnites, hostiles idéologiquement au chiisme. D’ailleurs, Téhéran fut hostile au régime des taliban lorsque ces derniers étaient au pouvoir à Kaboul. En 1998, les tensions avaient été si fortes qu’il avait été question d’une intervention militaire iranienne en Afghanistan, notamment après la disparition de diplomates iraniens.

Depuis l’intervention américaine consécutive aux attentats du 11 septembre, l’Iran a apporté son soutien politique au gouvernement de Hamid Karzaï. Du coup, la logique d’un soutien aux milices talibanes a de quoi surprendre. Seulement, le calcul que les analystes du renseignement américains prêtent à Téhéran n’est pas sans fondement.

En effet, en aidant l’insurrection, le pouvoir iranien, dont il difficilement concevable qu’il ne soit pas au courant des activités de l’unité Qods, espère jouer et gagner sur les deux tableaux : si les taliban finissent par s’imposer, Téhéran pourra compter sur eux. Dans le cas contraire, du moment qu’ils font peser une menace constante sur la stabilité de l’Afghanistan, l’armée américaine sera fixée dans le pays, ce qui ne donnera pas de marge de manoeuvre suffisante à Washington pour tenter quoi que ce soit contre le programme nucléaire iranien.

Dans son rapport d’évaluation stratégique de la situation afghane (à télécharger en pdf), le général Stanley McChrystal, le commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) de l’Otan, a évoqué cette influence et l’ambiguité de la politique iranienne. « La Force Qods entraînerait certains groupes taliban et fourniraient d’autres formes d’assistance militaire aux insurgés » écrit-il. « La politique et les actions de l’Iran ne constituent pas une menace à court terme pour la mission, mais l’Iran a la capacité de menacer la mission à l’avenir » prévient encore l’officier américain.

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