Chauprade gagne une manche, Morin persiste

Congédié sans ménagement de la chaire de géopolitique dont il était le titulaire au Collège Interarmées de Défense (CID, ex-Ecole de guerre) après la parution d’un article sur le blog « Defense ouverte » de Jean Guisnel, l’accusant de faire siennes les thèses conspirationnistes au sujet des attentats du 11 septembre 2001 présentées dans son dernier livre, Aymeric Chauprade vient de remporter sa première victoire judiciaire dans le bras de fer qui l’oppose désormais au ministre de la Défense, Hervé Morin.

Après le rejet d’une plainte en référé liberté par le Tribunal administratif de Paris, le 28 févier dernier, au motif que la décision du ministre »ne portait pas une atteinte grave à son niveau de revenus, le géopoliticien, par ailleurs proche de Philippe de Villiers, a obtenu un jugement en sa faveur. Selon les attendus du tribunal, le juge des référés a en effet suspendu la décision du ministre de la Défense, ayant considéré que ce dernier avait porté atteinte à une « liberté fondamentale », à savoir celle qui aurait permis à Aymeric Chauprade de s’expliquer et de se défendre.

D’après son avocat, Me Antoine Beauquier, l’enseignant s’estime être l’objet d’une discrimination en raison de sa position « critique à l’égard de la politique américaine et du livre blanc ». Un constat que n’est pas loin de partager le journaliste Frédéric Pons qui, dans un article publié par Valeurs actuelles le 5 mars dernier, explique que « l’affaire Chauprade » est « nourrie par un clan de gauche amateur de fiches politiques, relayées par un journaliste du Point (ancien de Libération), animée par les fortes convictions de « l’accusé », attisée par des arrière-pensées corporatistes (…) et quelques inimitiés personnelles ».

Cependant, le jugement rendu en faveur d’Aymeric Chauprade n’a pas fait ciller Hervé Morin. « Le Tribunal administratif a annulé pour une questionn de forme, je maintiens ma décision » a-t-il ainsi déclaré. « Je vais faire en sorte que les conditions de forme soient réunies » a-t-il continué. « Pour moi, rien n’a changé : M. Chauprade, par ses écrits, n’a pas sa place au sein du ministère de la Défense » a-t-il encore affirmé.

« On peut écrire ce qu’on veut, c’est la liberté de chacun. Il appartient au ministre de faire en sorte que les enseignants qui enseignent dans nos plus belles institutions militaires ne soient pas des hommes ou des femmes qui portent crédit à des fantasmes, notamment au fait que le 11 septembre serait un complot israélo-américain » a justifié le ministre.

L’enseignant a également porté son affaire devant la Cour de Justice de la République, la seule apte à juger des ministres pour des faits de discrimination. En cas de jugement favorable en sa faveur, Aymeric Chauprade pourrait ainsi faire condamner Hervé Morin à trois ans d’emprisonnement et à 45.000 d’euros au maximum.

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