Les bombardiers stratégiques russes sont de plus en plus nombreux sur la base d’Oleynia, située à 200 km de la Finlande

Construite dans les années 1950 sur la péninsule de Kola, à environ 200 km de la Finlande et de la Norvège, la base aérienne d’Oleynia servit de « poste avancé » pour les bombardiers stratégiques soviétiques, tels que les Tu-95 « Bear » et Tu-16 « Badger ». Dotée d’une piste longue de 3350 mètres, elle était protégée par plusieurs sites de missiles sol-air. En outre, elle servit également de repaire à l’aviation de reconnaissance de la marine russe et fut utilisée comme escale de ravitaillement pour les Tu-114 qui effectuaient la liaison Moscou-La Havane.

Après l’effondrement de l’Union soviétique, la base d’Olyenia perdit l’attrait qu’elle avait jusqu’alors. Et son activité fluctua au gré des restructurations et autre changements de doctrine des forces armées russes. Après avoir accueilli des MiG-27 et les MiG-23, elle reçut 25 bombardiers Tu-22 pour les… stocker dans l’attente de leur démantèlement. Puis, plus récemment, elle servit de relai à deux Tu-160 « Blackjack » devant se rendre au Venezuela depuis leur base d’Engels.

Cela étant, dans le cadre de la stratégie russe pour l’Arctique et avec les évolutions du contexte international, la base d’Olyenia a retrouvé l’intérêt qu’elle avait durant la Guerre Froide. D’abord, en servant de site d’essais pour le missile aérobalistique hypersonique Kh-47M2 Kinzhal. Puis en retrouvant des bombardiers stratégiques opérationnels, en l’occurrence quelques Tu-22M3.

Mais avec la guerre en Ukraine, et singulièrement depuis l’automne dernier, la base d’Olyenia a retrouvé un niveau d’activité proche de celui qui était le sien avant la fin de l’URSS. C’est en effet ce que suggère l’imagerie satellitaire.

Ainsi, sept bombardiers stratégiques – dont quatre Tu-160 « Blackjack » et trois Tu-95 « Bear » – y furent repérés entre le 21 août et le 25 septembre 2022, alors qu’aucun d’entre eux n’y était présent quelques semaines plus tôt.

La société israélienne ImageSat Internationale [ISI], estima qu’il s’agissait d’une présence sortant de l’ordinaire. Et d’ajouter : « La base aérienne d’Engels est le point de départ possible des bombardiers stratégiques détectés dans la base aérienne d’Olenya ».

Depuis, celle-ci a encore gagné en importance. Selon de nouvelles photographies prises le 7 mai dernier, pas moins de dix-huit bombardiers y sont désormais déployés, dont deux Tu-160, 14 Tu-95 et deux Tu-22M3. Et probablement que d’autres sont logés dans des abris.

A priori, ces bombardiers étaient auparavant stationnés sur la base aérienne d’Engels… Et l’attaque de cette dernière par des drones ukrainiens, en décembre, a sans doute incité la force aérospatiale russe à les redéployer sur celle d’Olenya, située à seulement dix kilomètres du dépôt nucléaire de Bolshoye Ramozero.

Si ces appareils participent aux raids aériens effectués en Ukraine [sans entrer dans l’espace aérien ukrainien, ndlr], leur présence sur la péninsule de Kola peut poser un problème aux forces finlandaises et norvégiennes… dans la mesure où ils peuvent décoller à court préavis, ce qui ne laisse que peu de temps pour réagir en cas d’éventuelle frappe.

Ainsi, le 25 avril, deux F-35A norvégiens ont intercepté sept avions russes, dont deux Tu-160, deux avions-raviteilleurs Il-78 et trois chasseurs MiG-31, non loin de la région du Finmark. Ce renforcement de la base d’Olenya a sans doute un lien avec la décision de l’US Air Force d’envoyer en Estonie, à court préavis, une partie des 12 avions de supériorité aérienne F-22A Raptor qu’elle a récemment déployés en Pologne.

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