Le Japon va se doter d’au moins un millier de missiles à longue portée pour dissuader la Chine et la Corée du Nord

Début août, lors de leurs exercices d’une ampleur inédite qu’elles ont menés après la visite à Taipei de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis, les forces chinoises ont tiré plusieurs missiles dont certains ont survolé Taïwan pour ensuite tomber dans la zone économique exclusive [ZEE] du Japon. Ce qui n’était jamais arrivé jusqu’alors.

Aussi, selon le quotidien Yomiuri, qui cite des sources gouvernementales japonaises, Tokyo envisage de doter ses forces d’autodéfense de plus d’un millier de missiles de croisière à longue portée, afin de combler l’écart avec la Chine, qui disposerait de 1’900 engins balistiques de portée intermédiaire.

Dans le détail, l’idée est d’étendre la portée des missiles anti-navire de Type 12 actuellement mis en oeuvre par les forces japonaises à 1000 km, voire à 1500 km, ce qui leur permettrait d’atteindre les côtes chinoises et nord-coréennes.

Jusqu’à présent, le Japon s’interdisait de posséder de capacités offensive, de par la Constitution d’essence pacifiste. Cependant, sous l’impulsion de Shinzo Abe, l’ex-Premier ministre nippon assassiné en juillet dernier, Tokyo met désormais en avant un « droit de défense collective » et le concept de « pacifisme proactif ». Ce qui lui donne désormais plus de latitude en matière d’armement.

Ce plan concernant le développement de missiles à plus longue portée viserait à doter les forces japonaises d’une capacité de « contre-attaque ». Et donc à renforcer leurs moyens de dissuasion. Sur ce point, et pour le moment, Tokyo ne peut pas compter sur les États-Unis, liés par le Traité sur les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] jusqu’en 2019.

En effet, ce texte interdisait aux forces américaines et russes de posséder des missiles à charge nucléaire ou conventionnelle pouvant être lancés depuis le sol et ayant une portée comprise entre 500 et 5500 km.

« Pour disposer prochainement de plus de 1000 missiles, il est nécessaire d’augmenter les lignes de production des entreprises impliquées dans leur développement. Le ministère de la Défense prévoit de créer un système pour soutenir leurs investissements en capital et prévoit d’inclure les dépenses connexes dans la demande de budget pour le budget de l’exercice 2023 », a précisé le quotidien Yomiuri.

En réalité, il s’agit d’accélérer et, surtout, d’amplifier un programme déjà en cours, la décision d’augmenter significativement la portée des missiles de Type 12 et de permettre aux navires de surface et aux avions de combat F-15J de les mettre en oeuvre ayant été prise par Tokyo il y a déjà quelques mois.

D’ailleurs, en 2017, il avait été rapporté que le Japon envisageait de se procurer des missiles air-sol AGM-18 JASSM [Joint air-to-surface standoff missile] et AGM-158C LRASM [Long Range Anti-Ship Missile] auprès des États-Unis. Le Joint Strike Missile, du norvégien Kongsberg, avait aussi été cité. Il s’agissait, à l’époque, de répondre aux activités nucléaires et balistiques de Pyongyang, plusieurs missiles nord-coréens étant tombés dans la ZEE de l’archipel.

Pour rappel, mis en service en 2015 après avoir été mis au point par Mitsubishi Heavy Industries, le missile de Type 12 est doté d’un auto-directeur radar actif à balayage électronique ainsi que d’un système de guidage GPS. Utilisé pour la défense côtière, il équipe quatre batteries d’un régiment basé à Kengun [sud du Japon] ainsi que plusieurs autres installées sur les îles Amami Oshima, Ishigaki et Miyako, en mer de Chine orientale.

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