Les États-Unis cherchent des chars T-72 pour les livrer aux forces ukrainiennes

Le transfert vers l’Ukraine d’avions de combat MiG-29 « Fulcrum » encore en service au sein de quelques forces aériennes de pays membres de l’Otan n’ayant pas été possible, il en ira sans doute autrement pour avec les blindés.

Déjà, le 1er avril, l’Allemagne a donné son feu vert à l’envoi en Ukraine d’une cinquantaine de BMP-1A1, c’est à dire des véhicules de combat d’infanterie ayant servi sous les couleurs de la République démocratique allemande [RDA], avant d’être revendus à la Suède, qui les a ensuite cédés à la République tchèque sous l’appellation « PBV 501 », après les avoir modernisés.

Étant donné qu’elles disposent déjà de BMP-1 – comme leurs homologues russes – les forces ukrainiennes n’auront évidemment aucune difficulté à mettre en oeuvre ces PBV501, même s’ils ont été profondément remaniés. Et cela vaut aussi pour les chars de combat T-72, que les États-Unis veulent envoyer en Ukraine, en sollicitant plusieurs pays de l’Otan qui en sont encore dotés.

Par rapport aux MiG-29 [voire au système de défense aérienne S-300 pour lequel la Slovaquie a été sollicitée par le Pentagone], le transfert de chars T-72 vers les forces ukrainiennes posera beaucoup moins de difficultés étant donné que certains de ces pays de l’Otan qui en alignent encore en ont mis près de 300 en réserve au total.

Tel est le cas, par exemple, de la Bulgarie, avec 250 exemplaires mis sous cocon [contre 160 en service]. Ou encore celui la Hongrie, qui en a mis 134 de côté. En outre, les forces hongroises vont remplacer leurs 34 T-72 encore en service par 44 Leopard 2A7 et 12 Leopard 2A4 commandés auprès de l’allemand Krauss-Maffei Wegmann.

En Pologne, l’Arme blindée cavalerie [ABC] est encore puissante, avec plus de 860 chars en dotation, dont 249 Leopard, 232 PT-91 Twardy et 382 T-72 modernisés. Ces derniers doivent être prochainement remplacés par 250 M1A2 SEPv3 Abrams, dont l’achat a été confirmé pour environ 5 milliards d’euros.

Quant aux autres alliés de l’Otan dotés de T-72, il leur sera difficile de s’en séparer, sauf à se priver d’une telle capacité. La Slovaquie n’en a ainsi conservé qu’une vingtaine d’exemplaires.

Quoi qu’l en soit, a indiqué le New York Times, le 1er avril, les États-Unis consultent actuellement leur alliés pour fournir des T-72 à l’Ukraine, afin de répondre à un besoin exprimé par Volodymyr Zelinski, le président ukrainien. Selon le quotidien, ces chars pourraient être engagés au Donbass [sud-est], où les forces russes accentuent leur pression.

Plus largement, les États-Unis ont indiqué qu’ils fourniraient 300 millions d’aides supplémentaires à l’Ukraine, ce qui permettre de financer l’envoi de munitions rôdeuses, de drones et de missiles.

« Les Etats-Unis ont désormais engagé plus de 2,3 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine depuis la prise de fonction de l’administration Biden, dont plus de 1,6 milliard d’aide militaire depuis l’invasion non-provoquée et préméditée de la part de la Russie », a fait valoir John Kirby, le porte-parole du Pentagone. « Cette décision souligne l’engagement sans faille des Etats-Unis envers la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, en soutien à sa campagne héroïque pour repousser la guerre décidée par la Russie », a-t-il ajouté.

Avant l’invasion russe, l’armée ukrainienne disposait d’un nombre assez significatif de chars de combat, dont des T-64, des T-72 et des T-80. Il a été rapporté qu’elle avait pu récupérer des engins abandonnés sur le terrain par son homologue russe, laquelle en aurait perdu près de 450 depuis le 24 février, à en croire le site oryxspioenkop.com, qui s’appuie sur les photographies diffusées via les réseaux sociaux pour établir ses bilans.

Cependant, si les pertes russes sont assez bien documentées, il en va autrement de celles subies par les forces ukrainiennes. « La question des ressources est un grand facteur d’incertitude, en raison de l’efficacité de la propagande de Kiev et de la ‘discipline informationnelle’ des combattants », a récemment relevé la Fondation pour la recherche stratégique [FRS], dans une note sur le conflit. « On ignore ainsi l’état de l’ordre de bataille ukrainien, qui a dû également accuser de lourdes pertes », a-t-elle ajouté.

Photo : Ministère polonais de la Défense

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]