Avant des discussions avec Moscou, Washington décide de maintenir le porte-avions USS Harry S. Truman en Méditerranée

Se trouvant actuellement, avec son escorte, entre la Grèce et l’Italie, le porte-avions USS Harry S. Truman devait prochainement franchir le Canal de Suez pour ensuite se rendre dans la région du golfe Persique, sous l’autorité de l’US CENTCOM, le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Du moins était-ce le programme jusqu’au 28 décembre…

En effet, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, a décidé que ce groupe aéronaval resterait en Méditerranée, où il est arrivé le 1er décembre dernier, estimant qu’une telle mesure est « nécessaire pour réaffirmer l’engagement des États-Unis » envers la « défense collective » de l’Otan, a expliqué un responsable cité par USNI News, sans toutefois faire explicitement le lien avec les tensions actuelles entre Moscou et Kiev.

Outre sa vocation militaire, un porte-avions est aussi un outil politique [c’est 100’000 tonnes de diplomatie, a-t-on coutume de dire outre-Atlantique]. Aussi, la décision de maintenir l’USS Harry S. Truman en Méditerranée s’explique aussi par les discussions qui se tiendront à partir du 10 janvier entre la Russie, les États-Unis et l’Otan, au sujet de la sécurité en Europe.

Pour rappel, mi-décembre, Moscou a mis sur la table une série de revendications afin d’obtenir des garanties « juridiques » sur sa sécurité. Parmi celles-ci, la partie russe exige l’arrêt de l’élargissement de l’Otan, en particulier vers l’Ukraine et la Géorgie, ainsi que limitation des activités militaires dans les pays ayant rejoint l’Alliance atlantique après 1997.

Ces discussions promettent d’être âpres… « Quand on va s’asseoir pour discuter, la Russie pourra mettre ses inquiétudes sur la table et nous mettrons les nôtres sur la table, notamment les activités russes », a fait valoir un porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis. Seulement, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a prévenu que toute « concesssion » serait exclue, affirmant que Moscou afficherait une « position de fermeté ce qui concerne la défense de [ses] intérêts ».

Aussi, il est probable que l’USS Harry S. Trumman prolonge sa mission en Méditerranée jusqu’à la mi-janvier. Quant à son escorte, elle se compose du croiseur USS San Jacinto et des « destroyers » USS Cole, USS Bainbridge, USS Gravely et USS Jason Dunham. La frégate norvégienne HNoMS Fridtjof Nansen en fait également partie.

Par ailleurs, et après une première mission de renseignement dans l’espace aérien ukrainien, menée le 11 décembre dernier par un avion « espion » RC-135 Rivet Joint, l’US Air Force a récidivé, deux semaines plus tard, avec l’un de ses 16 E-8 Joint STARS [Joint Surveillance Target Attack Radar System].

Celui-ci, dont le retrait du service est prévue en 2022, a décollé de la base aérienne de Ramstein [Allemagne] pour un vol qui s’est concentré sur la région du Donbass, où les forces ukrainienne sont aux prises avec des séparatistes pro-russes. Un RC-135 Rivet Joint, basé temporairement à la Souda [Grèce] a également été repéré dans ce secteur, le même jour.

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