L’Inde dénonce de nouvelles « provocations » de l’armée chinoise dans la région frontalière du Ladakh

« Tout ce que dit la Chine désormais ne peut être pris pour argent comptant. Espérons que l’Inde a retenu la leçon maintenant », avait prévenu Harsh Pant, analyste à l’Observer Research Foundation, après un violent accrochage entre les forces indiennes et chinoises ayant eu lieu le 15 juin, dans la vallée de Galwan [région du Ladakh], objet d’un vieux contentieux frontalier entre Pékin et New Delhi.

Cet incident, qui a fait une vingtaine de tués côté indien [la Chine n’a jamais donné de bilan], s’était produit au Point de patrouille 14, où l’Armée populaire de libération [APL] était censée avoir démandelé le camp qu’il y avait établi, conformément à un accord précédemment négocié entre les deux partis afin de réduire des tensions qui ne cessaient alors d’aller crescendo depuis plusieurs semaines.

Cela étant, de nouvelles négociations entre les autorités militaires indiennes et chinoises permirent de calmer la situation après cet accrochage. Pour autant, Pékin n’a depuis visiblement pas renoncer à renforcer ses positions militaires le long de la Ligne de contrôle effectif [LAC], c’est à dire sa frontière avec l’Inde.

Outre la région du Ladakh, le plateau du Doklam [également revendiqué par le Bouthan, ndlr] est un autre sujet de contentieux entre la Chine et l’Inde. Pour New Delhi, ce territoire est stratégique, étant donné qu’il n’est situé qu’à quelques kilomères du corridor de Siliguri, qui fait la jonction entre les plaines du nord et les États indiens du nord-est.

Or, selon l’imagerie satellitaire, Pékin y a construit une importante installation abritant des moyens de défense aérienne ainsi qu’un héliport. Et cela, à seulement 50 km d’un secteur où les forces indiennes et chinoises eurent un face à face tendu en 2017. Un autre site dédié à la défense aérienne aurait aussi vu le jour dans le secteur de Kailash-Mansarovar, à un centaine de kilomètres de l’État indien d’Uttarakhand.

Les constructions chinoises le long de la LAC comprennent « de nouvelles bases aériennes ou des extensions de bases aériennes, ainsi que nouvelles positions de défense aérienne. […] Elles s’inscrivent dans une stratégie plus large, similaire au développement des infrastructures chinoises en mer de Chine méridionale. […] Cela suggère que Pékin envisage de poursuivre plus agressivement ses revendications territoriales le long de sa frontière occidentale », a résumé Sim Tack, analyste chez Strafor, dans les colonnes du quotidien The Print.

Quoi qu’il en soit, c’est à nouveau dans la région du Ladakh, et précisément sur la rive sud du Lac de Pangong Tso, que des mouvements de troupes chinoises ont été dénoncés, ce 31 août, par New Delhi.

Sans préciser s’il y avait eu ou non des incidents, le ministère indien de la Défense a en effet affirmé que, dans la nuit du 29 au 30 août, l’APL avait « effectué des mouvements militaires provocateurs pour changer le statu quo » à la frontière, l’accusant d’avoir « enfreint le consensus » auquel les deux parties étaient parvenues pour apaiser la situation le long de LAC.

Et d’ajouter : « Les militaires indiens ont anticipé ces activités de l’APL sur la rive sud du Lac de Pangong Tso, ont pris des mesures pour renforcer nos positions et déjouer les intentions de la Chine de changer unilatéralement la situation sur le terrain. »

De son côté, Pékin a nié les accusations indiennes. « Les troupes frontalières chinoises ont toujours respecté la ligne de contrôle effectif, qu’elles n’ont jamais franchi. Les troupes frontalières des deux pays ont maintenu les communications sur la ligne de contrôle », a assuré Zhao Lijian, le porte-parole de la diplomatie chinoise.

Par ailleurs, selon des responsables indiens, cités par l’agence ANI, l’APL aurait également déployé des avions dits de 5e génération J-20 sur la base aérienne de Hotan, d’où ils décollent pour « voler à proximité du territoire indien, prés du Ladakh et des secteurs adjacents ». Pourtant, le chasseur-bombardier chinois est censé être furtif…

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