L’Inde et l’Australie renforcent leurs relations militaires
Tensions en mer de Chine méridionale avec des conséquences possibles sur les voies commerciales maritimes [et donc sur les approvisionnements], remise en cause des frontières, terrorisme, activités nucléaires de la Corée du Nord, rivalité(s) entre puissance, risques naturels, compétition(s) pour les ressources, etc. La région Indo-Pacifique ne manque pas de défis sécuritaires… D’où la nécessité de certains pays de renforcer leurs relations militaires, face, notamment, à la monté en puissance de la Chine.
Ainsi, ces dernières années, l’Australie et le Japon – deux pays ayant des relations militaires étroites avec les États-Unis – sont allés jusqu’à parler de nouer un « pacte de défense », en janvier 2018.
Dix ans plus tôt, Tokyo avait signé avec New Delhi une déclaration sur la coopération en matière de sécurité. Comme l’un et l’autre ont des différents territoriaux avec la Chine, dont la puissance militaire ne cesse de s’affirmer, cette relation s’est depuis renforcée, notamment à l’occasion d’une rencontre entre ministres des affaires étrangères et de la défense indiens et japonais [format 2+2] en novembre 2019.
Ayant des intérêts communs à défendre [ainsi que des points commun, comme leur appartenance au Commonwealth], l’Australie et l’Inde cherchent également à renforcer leurs liens dans le domaine de la défense, notamment depuis 2013, et en particulier au niveau de leurs forces navales respectives.
Or, cette relation militaire entre New Delhi et Canberra va prendre une autre dimension après la signature de deux nouveaux accords bilatéraux, à l’occasion d’un sommet par vidéo-conférence ayant réuni les Premiers ministres australien et indien, à savoir Scott Morrison et Narendra Modi, le 4 juin.
Ainsi, le premier accord, appelé « Mutual Logistics Support Agreement » [MLSA], vise à donner un accès mutuel aux bases navales et aériennes respectives des deux pays. En clair, un navire australien pourra faire escale et se ravitailler en Inde. Et vice versa. Une telle disposition permettra, par exemple, de faciliter la tenue d’exercices conjoints, voire éventuellement de mener des missions communes.
« Les deux parties sont convenues de continuer d’approfondir et d’élargir la coopération en matière de défense en améliorant la portée et la complexité de leurs exercices militaires […] afin de développer de nouvelles façons de relever les défis de sécurité communs. Les deux parties sont convenues d’augmenter l’interopérabilité militaire par le biais d’exercices de défense grâce à leur arrangement concernant le soutien logistique mutuel », ont fait valoir MM. Morrison et Modi, dans une déclaration conjointe.
À noter que l’Inde a déjà conclu des accords de même nature que le MLSA avec les États-Unis, la France et Singapour.
En matière de coopération militaire, la Royal Australian Navy [RAN] et l’India Navy organisent les exercices AUSINDEX. L’an passé, la présence australienne avait été conséquente, avec la participation du porte-hélicoptère HMAS Canberra des frégates HMAS Newcastle et HMAS Paramatta, du navire de ravitaillement HMAS Success, du sous-marin HMAS Collins et d’un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon. Côté indien, une force similaire avait été sollicitée.
Cela étant, l’interopérabilité entre les deux marines a du chemin à faire pour être optimale, en particulier au niveau des systèmes de communication. Dans ce domaine, New Delhi a signé un accord avec Washington pour mettre en oeuvre des systèmes d’origine américaine [CENTRIX – Combined Enterprise Regional Information Exchange System]. Mais il n’a – a priori – pas encore été mis en oeuvre.
Le second accord concerne la coopération technologique dans le domaine de la défense. Là, il s’agit de donner un cadre pour permettre aux organismes de recherche des deux pays d’accroître leur collaboration.
En outre, Canberra et New Delhi ont pris l’engagement commun à soutenir « l’ordre maritime fondé sur des règles, le respect de la souveraineté de toutes les nations et le droit international, en particulier la Convention des Nations unies sur le droit de la mer [UNCLOS].
Dans leur déclaration conjointe, MM. Morrison et Modi affirment que l’Australie et l’Inde « partage la vision d’une région indo-pacifique libre, ouverte, inclusive et fondée sur des règles pour garantir la liberté de navigation, le survol et l’utilisation pacifique des mers. »
Photo : Le HMAS Newcastle navigue aux côtés du sous-marin de la marine indienne INS Sindhukirtri lors de l’exercice AUSINDEX 2019 (c) Commonwealth of Australia