La Corée du Sud va augmenter ses dépenses militaires de 7%

La semaine passée, le chef du régime nord-coréen, Kim Jong-un, s’est rendu au mont Paektu, qui, situé non loin de la frontière avec la Chine, est le point culminant de la péninsule coréenne [avec 2.744 mètres]. Et cette « randonnée », aussi bucolique fût-elle, n’avait rien d’anodin, dans la mesure où, aux dires des observateurs, il fallait y voir une opération de propagande bien calibrée.

En effet, depuis qu’il tient les rênes du pays, Kim Jong-un s’est rendu à trois reprises au mont Paektu, qui revêt une importance particulière dans l’imaginaire nord-coréen. Or, à chaque fois, ce fut pour marquer une décision politique majeure… Pour autant, jamais il n’y était allé en montant un cheval blanc. Ce qu’il n’avait jusqu’alors jamais fait.

Selon Antoine Bondaz, un spécialiste de la Corée du Nord à la Fondation pour la recherche stratégique [FRS], cité par France24, cette chevauchée sur un destrier blanc est une référence au roi Tongmyong, fondateur du royaume de Koguryo, au premier siècle après Jésus-Christ. Ainsi, Kim Jong-un aurait voulu faire référence à cette période pendant laquelle la péninsule coréenne était unifiée et fermée à tout influence étrangère.

Sans doute que le message sous-entendu par cette randonnée équestre deviendra plus clair dans les prochains jours… En attendant, le rapprochement qui avait été initié en 2018 entre Pyongyang et Séoul a du plomb dans l’aile. De même que les négociations entre diplomates américains et nord-coréens au sujet de la dénucléarisation de la péninsule.

Et si, officiellement, Pyongyang a dit avoir mis un terme à ses activités dans le domaine du nucléaire militaire, la réalité serait toute autre, à en croire les rapports des Nations unies. Cependant, la Corée du Nord peut se prévaloir de quelques soutiens, notamment ceux de la Russie et de la Chine. Et, pendant que les négociations patinent, l’arsenal nord-coréen s’est enrichi de missiles semi-balistiques à capacité manoeuvrante, à l’image de l’Iskander russe, voire d’engins balistiques pouvant être tirés depuis un sous-marin.

Dans ce contexte, et à l’instar du Japon, la Corée du Sud va de nouveau augmenter significativement ses dépenses militaires à l’occasion du prochain exercice budgétaire.

« La Corée du Sud augmentera son budget consacré à la défense de 7% pour atteindre plus de 50 billions de won [37,66 milliards de dollars] l’an prochain », a en effet annoncé Moon Jae-in, le président sud-coréen, devant le Parlement. « Un défense forte est essentielle à l’autodétermination », a-t-il fait valoir. « Nous renforcerons le système de défense de base » en augmentant notamment le nombre de « sous-marins de la prochaine génération et les satellites de surveillance », a-t-il ajouté, sans plus de détails.

Cette hausse des dépenses militaires sud-coréennes ne devrait pas être la dernière étant donné que plusieurs projets structurants sont dans les cartons, quand ils n’ont pas déjà été mis sur les rails.

Mi-octobre, à l’occasion du « Seoul International Aerospace and Defense Exhibition » [ADEX], le constructeur aéronautique KAI a dévoilé la maquette du KF-X, un avion de combat qui, développé localement, partage certaines caractéristiques avec les appareils dits de 5e génération. Le coût de ce projet est de 6,3 milliards de dollars [l’Indonésie y participe à hauteur de 20%, ndlr]. S’il va au bout, il permettra de remplacer les F-5 de la Force aérienne sud-coréenne d’ici 2026.

Toujours dans le domaine aérien, Séoul envisage l’acquisition de 20 F-35A supplémentaires [en plus des 40 déjà commandés] pour la période 2021-26. Et cela dans l’attente de l’acquisition de F-35B, c’est à dire la version STOVL [décollage court/atterrissage vertical] de l’avion de combat américain, afin d’en équiper le porte-aéronefs [LPH-II] que souhaite la marine sud-coréenne.

Cette dernière étudie par ailleurs la possibilité de se doter de deux sous-marins nuclaires d’attaque, qui seraient construits localement, vraisemblablement à partir des submersibles de type « Dosan Ahn Changho ». Pour le moment, elle a notifié à Hyundai Heavy Industries la commande du premier des trois destroyers de la classe Gwanggaeto le Grand dont elle entend disposer.

Dans le domaine terrestre, l’armée sud-coréenne poursuit la mise en service du char de combat K2 Black Panther [360 exemplaires commandés], conçu par Hyundai Rotem. L’industriel prépare par ailleurs la suite, avec le New Generation Main Battle Tank, en mettant l’accent sur le combat collaboratif et l’intelligence artificielle.

Photo : KF-X

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