Le ministère britannique de la Défense facilite le recrutement des ressortissants du Commonwealth

Après avoir été contraintes de diminuer, parfois drastiquement, leurs effectifs, les forces armées britanniques peinent de plus en plus à recruter. Ainsi, la British Army, qui ne doit plus compter que 82.000 soldats professionnels, a des difficultés à trouver non seulement des réservistes – pourtant essentiels à son fonctionnement – mais aussi de jeunes recrues.

Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que le message envoyé à l’opinion sur les réductions des effectifs militaires a brouillé celui sur la nécessité de recruter de jeunes soldats. Aussi, les candidats à un engagement ne se bousculent pas pour pousser la porte des bureaux de recrutement.

Ensuite, selon le député conservateur Mark Francois, auteur d’un rapport publié en juillet 2017 sur la « crise du recrutement » [.pdf], la démographie (comprendre, le vieillissement de la population) n’aide pas, de même que les problèmes de santé qui touchent la jeunesse britannique. En outre, le faible taux de chômage ne facilite pas non plus la tâche de Capita, le prestataire de service chargé du recrutement des forces armées.

En outre, l’augmentation des minorités ethniques au sein de la population britannique est un autre facteur pouvant expliquer les problèmes de recrutement, le député Francois ayant souligné qu’il s’agissait d’un « segment de la communauté ayant montré jusqu’ici une faible propension à poser candidature pour les armées ». D’où, d’ailleurs, une récente campagne de communication de ces dernières, destinée à convaincre les jeunes issus de ces minorités à rejoindre leurs rangs.

Quoi qu’il en soit, la situation actuelle est que les forces armées britanniques manquent de 10.600 militaires (soit un déficit de 5,7% selon le National Audit Office). D’après  le quotidien The Guardian, ce serait la « pire pénurie » de personnels depuis 2010.

Pour y remédier, le ministère britannique de la Défense [MoD] a récemment d’ouvrir aux femmes l’ensemble des postes militaires qu’il propose, y compris au sein des forces spéciales (Special Air Service, Special Boat Service, etc). Un autre levier est de s’appuyer sur les ressortissants du Commonwealth, c’est à dire des 53 États qui ont fait partie, par le passé, de « l’empire » britannique ».

Jusqu’à présent, un ressortissant d’un des pays du Commonwealth pouvait s’engager dans les forces armées britanniques à la condition d’avoir vécu au Royaume-Uni pendant au moins cinq ans. Cela étant, en 2016, cette restriction fit l’objet d’une centaine de dérogations.

Mais, à partir de 2019, il n’y aura plus aucune restriction de ce genre : un citoyen d’un pays du Commonwealth pourra en effet s’engager dans les forces britanniques sans aucune condition de résidence. L’annonce en a été faite ce 5 novembre par le MoD.

« De l’Australie à la Jamaïque, en passant par les Fidji et l’Afrique du Sud, les recrues du Commonwealth jouent déjà un rôle clé dans nos forces armées [elles sont au nombre de 4.500]. Nous augmentons donc leur nombre, sachant qu’elles apporteront des compétences clés et un service dévoué à nos forces armées. Leurs points de vue différents nous aideront également à améliorer notre compréhension culturelle, ce qui nous donnera un avantage opérationnel par rapport à nos adversaires », a expliqué Mark Lancaster, le secrétaire aux Forces armées.

Toutefois, il restera encore quelques restrictions, notamment au niveau de l’âge minimum pour s’engager : alors qu’il est de 16 ans pour les Britanniques, il sera de 18 ans pour les ressortissants du Commonwealth. Cela, pour « atténuer les risques associés aux mineurs non accompagnés voyageant au Royaume-Uni sans la garantie d’un emploi. »

Reste à voir les conséquences qu’aura cette mesure sur d’autres forces armées du Commonwealth, à commencer par celles de l’Australie (qui a aussi ses problèmes de recrutement) et du Canada.

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