Le développement de l’hélicoptère NH-90 des Forces spéciales est (enfin) mis sur les rails

La Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 n’a pas accordé tout ce que le commandant des opérations spéciales [COS], le contre-amiral Laurent Isnard aurait souhaité au moment de son élaboration. Ainsi, lors d’une audition parlementaire, en décembre 2017, il avait déploré le manque d’hélicoptères lourds (comme les CH-47 Chinook) qui permettraient « d’envisager de nouveaux modes d’acion, plus à même de contrer les menaces futures, au même niveau que nos alliés d’outre-Atlantique et d’Europe. »

Cela étant, cette LPM va satisfaire une requête désormais ancienne : celle consistant à doter le 4e RHFS [Régiment d’hélicoptères des forces spéciales] d’hélicoptères NH-90 TTH modifiés pour les opérations spéciales, ce qui permettra d’homogénéiser les flottes, le 1/67 « Pyrénées » devant être le seul mettre en oeuvre l’ensemble des Caracal utilisés par le COS.

Sans doute que le contre-amiral Isnard aurait souhaité disposer d’un nombre plus important de NH-90 en version « forces spéciales ». Son prédécesseur, le général de Saint-Quentin, avait évoqué un besoin de 24 appareils pour le 4e RHFS. Finalement, la LPM ne prévoit la livraison que de 6 exemplaires d’ici 2025, sur une cible de 10 unités.

Seulement, le NH-90 TTH n’a pas été conçu, à l’origine, pour des missions relevant du COS. D’où des modifications à lui apporter. Ainsi, la Direction générale de l’armement [DGA] vient de notifier, à cette fin, une étude « sur une technologie innovante pour l’aide à la vision des pilotes d’hélicoptères en environnements dégradés. » Et de préciser que des « équipages du 4e RHFS seront impliqués à toutes les étapes de qualification. »

Dans le détail, ce contrat porte sur le concept de « caméra grand champ », développé par Safran. Cette technologie innovante, appelée « Eurofl’eye », est un capteur multispectral panoramique 3D d’aide au pilotage. « Associé à un casque numérique tel que le casque binoculaire TopOwl de Thales, il permet aux pilotes de bénéficier d’une vue panoramique indépendante sur plus de 200° », explique l’industriel.

Le capteur Eurofl’eye est associé à la boule optronique de très longue portée Euroflir 410 pour former le « Trailblazer Vision System », c’est à dire un dispositif, indique Safran, qui « permet aux hélicoptères (militaires ou civils) d’accomplir leurs missions les plus extrêmes, de jour comme de nuit, dans les pires conditions de visibilité qui soient. »

« D’autres améliorations sont prévues au niveau de l’optronique embarquée : adoption d’une boule gyrostabilisée de dernière génération développée par Safran, passage à un affichage numérique pour le casque des pilotes fourni par Thales », indique par ailleurs la DGA, qui rien dit au sujet des autres dispositifs que devant équiper les NH-90 TTH destinés aux forces spéciales.

« Pour répondre aux exigences d’une opération spéciale, il est néanmoins nécessaire de compléter les capacités dont dispose cet hélicoptère […] Cela suppose de procéder à plusieurs évolutions concernant, sans être exhaustif, l’avionique, les communications, l’armement ou encore l’ajout d’équipements optionnels pour l’aérocordage », avait détaillé le général de Saint-Quentin, en juin 2016.

Par ailleurs, un autre dossier à suivre au sujet des forces spéciales est celui des « drones tactiques légers ».

Les forces spéciales « ont besoin d’acquérir une capacité ISR [renseignement, surveillance, reconnaissance, ndlr] complémentaire propre. Nous proposons de lancer par conséquent un programme d’acquisition de drone moyenne altitude, moyenne endurance [MAME] – 100 kilomètres pour six heures de vol –, disposant d’une charge de renseignement d’origine électromagnétique (ROEM) et capable d’emporter des armements de faible charge, ainsi que des mini-drones, si possible sous la forme d’AOA, voire de location, car des solutions ‘sur étagère’ existent », fit valoir le contre-amiral Isnard.

Or, des « drones tactiques légers, avec capacités de renseignement multi-capteurs et une option d’armement, seront acquis en 2019 pour les forces spéciales », est-il écrit dans le rapport annexé de la LPM 2019-2025.

Photo : Largage des plongeurs de combat du génie sur un plan d’eau à partir du caïman (NH90) dans la région de Montauban (c) armée de Terre

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