Pour un amiral américain, la Corée du Nord est aussi une menace pour la Chine et la Russie
Comme à chaque tir de missile ou essai nucléaire nord-coréen, la Chine et la Russie font les gros yeux à Pyongyang, avant d’en appeler à la « retenue », voire à s’attacher à limiter des sanctions prises à l’égard de la Corée du Nord par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Au cours de ces dernières années, et après des relations en demi-teinte après l’implosion de l’Union soviétique, la Russie et la Corée du Nord ont relance leurs relations bilatérales, Kim Jong-un, le maître de Pyongyang ayant même été invité à assister, en 2015, à la grande parade militaire organisée tous les 9 mai à Moscou pour commémorer la fin de la Grande Guerre Patriotique face à l’Allemagne nazie.
Quant à la Chine, elle est liée à la Corée du Nord par un « Traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle » signé en 1961. Cependant, ces derniers jours, la presse officielle chinoise a laissé entendre que Pékin ne se porterait sans doute pas automatiquement au secours de Pyongyang en cas de conflit dans la mesure où le programme nucléaire nord-coréen contreviendrait à l’article 1 de cet accord, lequel stipule que les parties « doivent s’efforcer de préserver la paix de l’Asie et du monde et la sécurité de tous les peuples. »
Cela étant, évoquant le dernier tir de missile balistique de portée intermédiaire effectué par la Corée du Nord dans la nuit du 13 au 14 mai, l’amiral Harry Harris, le chef de l’US PACOM, le commandement militaire américain pour le Pacifique, a estimé que la Russie et la Chine devraient prendre garde à la Corée du Nord, tout comme le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis.
« Chaque essai est un succès car il rapproche la Corée du Nord de la possibilité d’atteindre n’importe quelle partie du monde avec un missile à tête nucléaire », a fait valoir l’amiral Harris, à l’occasion d’un forum universitaire à Tokyo. « Cela devrait nous conduire à une prise de conscience de l’urgence qu’il y a à traiter ce problème », a-t-il ajouté.
« Le comportement dangereux de la Corée du Nord n’est pas une menace seulement pour la péninsule coréenne… c’est un danger pour la Chine, un danger pour la Russie », a encore estimé le chef de l’US PACOM, pour qui la communauté internationale doit « les sanctions » à l’égard de Pyongyang afin de « faire entendre raison à Kim Jong-Un et non pas le mettre à genoux. »
Or, le président russe, Vladimir Poutine, ne partage pas cet avis. S’il a qualifié le dernier tir nord-coréen de « contre-productif et dangereux », il a également appelé à cesser « d’intimider la Corée du Nord ». En clair, Kim Jong-Un serait comme le lama qui crachait sur le capitaine Haddock. « Quand lui fâché, lui toujours faire ainsi ».
Par ailleurs, favorable à un dialogue avec Pyongyang, le nouveau président sud-coréen, Moon Jae-In, a fait part de risques d’affrontements « élevés » avec le Nord.
Ayant souligné, comme l’amiral Harris, que les programmes nord-coréens de missiles balistiques et d’armes nucléaires « avançaient rapidement », M. Moon a affirmé, ce 17 mai, qu’il ne « tolèrerait jamais les provocations du Nord et ses menaces nucléaires », avant d’en appeler les forces armées sud-coréennes à adopter une « position défensive infaillible. »