Les défis technologiques posés par l’ASN4G, le futur missile des Forces aériennes stratégiques

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Pour le moment, il n’est absolument pas question de remettre en cause la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française, même si certains responsables politiques voudraient bien la supprimer pour faire quelques économies qui, au final, seraient bien minces dans la mesure où les Forces aériennes stratégiques (ainsi que la Force d’action navale nucléaire) assurent également des missions conventionnelles. Le récent engagement des Mirage 2000N de l’EC 2/4 La Fayette en Jordanie, dans le cadre de l’opération Chammal, l’a encore montré.

Qu’en sera-t-il à l’avenir? Nul ne le sait. Mais, en attendant, les travaux pour mettre au point l’ASN4G, qui sera le successeur de l’actuel missile ASMP-A (Air Sol Moyenne Portée – Amélioré) ont d’ores et déjà commencé.

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, au printemps 2014, le général Denis Mercier, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air, avait évoqué l’avenir des FAS à l’horizon 2035, en estimant qu’il y aurait, à cet horizon, une « rupture capactaire à opérer ».

S’agissant du successeur de l’ASMP-A, le général Mercier avait indiqué que deux projets étaient à l’étude : l’un privilégiant la furtivité du missile, l’autre l’hypervélocité de celui-ci, « avec des perspectives à Mach 7 ou Mach 8 ». Et la préférence de l’ancien CEMAA allait vers la second option.

« En effet, la maîtrise de l’hypervélocité apparaît d’ores et déjà comme une donnée centrale. J’observe à cet égard qu’aux États-Unis, en Russie, en Chine, en Inde – autant de pays où la question de la modernisation de leur composante nucléaire aéroportée ne se pose même pas – des programmes expérimentaux de véhicules hypervéloces sont conduits. J’imagine avec peine que la France, pays qui jouit d’une avance incontestable en matière de statoréacteur, reste en marge de ces développements », avait-il fait valoir, en soulignant qu’une telle technologie ne manquerait pas d’intéresser aussi le secteur civil.

Quelques mois plus tard, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, confirma ces pistes lors d’un colloque organisé à l’École militaire. « Des conceptions audacieuses, ayant recours par exemple aux technologies de la furtivité ou de l’hyper-vélocité, à la pointe des développements de la technologie, seront explorées », avait-il dit au sujet du programme ASN4G.

Depuis, la communication autour de ce projet aura été plus que discrète. Du moins jusqu’à la publication, la semaine passée, du plan stratégique 2015-2015 de l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA), lequel est évidemment associé aux recherches concernant ce nouveau missile. Et cela, en « lien très étroit » avec le missilier MBDA.

Le document de l’ONERA reste vague sur le programme ASN4G. Cependant, il en dit assez sur les défis technologiques qu’il faudra relever.

« La stratégie de pénétration des défenses adverses par des missiles à vitesses hypersoniques reste un défi scientifique et technologique majeur », peut-on lire dans ce plan stratégique. Et pour cause : il va falloir faire appel à un « très grand nombre de disciplines », comme l’aérodynamique, la propulsion, l’architecture du vecteur, son contrôle et son pilotage.

« Les enjeux sur les matériaux sont aussi très importants et intimement liés à la connaissance fine des phénomènes mis en jeu lors de la combustion supersonique », relève encore l’ONERA. Bref, il y a du pain sur la planche.

Même chose pour l’option « furtivité », qui exige des « matériaux avec des caractéristiques pérennes et compatibles avec la sévérité des environnements subis mais aussi des systèmes de préparation de mission optimisés pour la réactivité et la pénétration maximisée des défenses ».

En outre, explique l’ONERA, il sera aussi nécessaire « d’étudier des solutions aérodynamiques avancées comme les gouvernes fluidiques, de développer des outils d’optimisation des manches à air et arrière-corps discrets, de mettre au points des techniques de discrétion des éléments rayonnants (métamatériaux, plasmas pour le furtivité des antennes), de mesure discrètes des paramètres air, ou encore des technologes de dégivrage discrètes ». Pour la simulation numérique « jouera un rôle essentiel », avance l’organisme de recherche.

Outre le programme ASN4G, l’ONERA planchera également sur d’autres projets liés à la défense, comme le système de combat aérien futur (susceptible d’être basé sur une combinaison d’avions de combat et de drones), les systèmes de détection, d’alerte et de surveillance de l’espace ou encore le traitement et acquisition d’information pour le renseignement.

Photo : Maquette d’étude préalable du futur vecteur de la composante aéroportée de la dissuasion (c) ONERA

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