La Russie va construire deux bases militaires de plus sur les îles Kouriles
En signant le traité de Shimoda, en 1855, la Russie abandonnait toute prétention sur les îles Habomai, Shikotan, Etorofu et Kunashiri (ou Kouriles du sud) au bénéfice du Japon.
Seulement, près d’un siècle plus tard, à la faveur de la capitulation japonaise qui mit un terme à la Seconde Guerre Mondiale, Staline annexa ces territoires pour le compte de l’Union soviétique.
Depuis, la question de leur appartenance envenime les relations entre Moscou et Tokyo, d’autant plus que cet archipel, qui compte seulement 19.000 habitants, a un certain intérêt stratégique : il verrouille l’accès à la mer d’Okhotsk pour la flotte russe du Pacifique et ses eaux sont riches en ressources halieutiques, en soufre et en minéraux polymétalliques.
Et les négociations sur ce territoire sont au point mort, alors que, sous l’ère Eltsine, Moscou avait semblé vouloir trouver un accord à son sujet. Qui plus est, la Russie et le Japon n’ont jamais signé de traité de paix depuis 1945.
Pour autant, négocier ne servirait à rien étant donné que la Russie de Vladimir Poutine se veut intransigeante sur ce dossier. En clair, les îles Kouriles, rattachées à la région de Sakhaline, ne feront l’objet d’aucun compromis, comme l’a répété, en septembre dernier, Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, à son homologue japonais, Fumio Kishida, en appelant Tokyo à admettre les « réalités historiques ».
En 2011, Dmitri Medvedev, qui assurait alors l’intérim pour Vladimir Poutine au Kremlin, avait promis de mettre en oeuvre « tous les efforts nécessaires pour renforcer la présence stratégique russe » sur cet archipel contesté. En clair, les capacités militaires allaient y être renforcées.
Mais cette présence militaire sera encore augmentée dans les mois qui viennent. Ainsi, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a confirmé la construction de deux nouvelles bases pour abriter des forces « en état d’alerte ».
« Nous prévoyons de construire un total de 392 bâtiments » sur les îles d’Itouroup et Kounachir, a précisé M. Choïgou, lors d’une rencontre avec les responsables militaires russes.
Il s’agira, a-t-il expliqué, de « s’assurer que les troupes et le matériel restent en état d’alerte », avant d’ajouter que ces nouvelles infrastructures permettront d’accueillir les familles des militaires qui y seront affectés.
Voilà de quoi donner de l’activité supplémentaire à la force aérienne d’autodéfense japonaise, qui envoie régulièrement ses chasseurs F-15 à la rencontre d’avions russes évoluant d’un peu trop près de l’espace aérien nippon.
Photo : « Demis-kurils-russian names ». Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons