Égypte : Attaques sans précédent de l’État islamique dans le Sinaï
En février, certains esprits s’étonnaient de la commande égyptienne portant sur 24 Rafale et une frégate multimissions au motif que Le Caire avait d’autres problèmes plus « urgents » à régler, oubliant au passage la menace jihadiste qui prend ce pays en étau, avec la présence de l’État islamique en Libye et… dans le Sinaï.
Depuis la chute du régime d’Hosni Moubarak, en janvier 2011, le Sinaï est devenu progressivement le repaire de différents groupes jihadistes, dont les rangs ont grossi grâce à l’apport d’anciens prisonniers ayant bénéficié de la mansuétude de l’ancien président Mohamed Morsi, qui, issu des Frères musulmans, a été destitué en 2013 par le maréchal al-Sissi.
Peu de temps après, le Sinaï a connu une première attaque importante lancée vers la ville de Rafah, à deux pas d’un point de passage vers la bande de Gaza. Bilan : 24 policiers égyptiens tués. Puis, les attentats ont continué, contraignant le président al-Sissi à décréter un état d’urgence de 3 mois dans le nord et le centre de cette région.
Mais ces mesures n’ont pas empêché les jihadistes, appartenant au groupe Ansar Beït al-Maqdess, lié à l’État islamique, de continuer ses actions meurtrières. En janvier, une série d’attaques coordonnées a ainsi fait au moins 30 tués parmi les soldats et les policiers égyptiens.
Et, le 1er juillet, soit au surlendemain du meurtre du procureur général d’Egypte, Ansar Beït al-Maqdess, devenu « Province du Sinaï » depuis son allégeance à l’EI, a de nouveau frappé fort, avec une vague d’attentats coordonnés d’une ampleur jusqu’ici jamais observée contre plusieurs positions tenues par l’armée égyptienne dans les secteurs d’Al-Arich [ndlr, chef-lieu du Nord-Sinaï] et de Cheikh Zouweid.
Des combats ont ensuite éclaté entre les jihadistes et l’armée, notamment Cheikh Zouweid où les militants d’Ansar Beït al-Maqdess ont assiégé le commissariat avant de miner les bâtiments des environs et de poster des tireurs sur les toits. Les militaires n’ont pu que prendre le dessus qu’après l’intervention – inédite – de chasseurs-bombardiers F-16.
Le bilan est difficile à établir. Officiellement, Le Caire a indiqué avoir perdu 17 soldats et tué une centaine de jihadistes. Officieusement, les pertes de l’armée égyptienne serait beaucoup plus lourdes, les sources médicales ayant évoqué la mort de 70 militaires et civils. Quoi qu’il en soit, l’on n’a jamais vu de combats aussi intenses dans le Sinaï [ndlr, région démilitarisée depuis les accords de 1979 conclus avec Israël] depuis la guerre de Yom Kippour. Et il est à craindre que ce ne soit pas les derniers.
Par ailleurs, la situation dans le Sinaï doit d’autant plus être suivie de près par Israël que l’EI a renouvelé ses menaces à son encontre le 30 juin.
À noter au passage qu’Ansar Beït al-Maqdess lie ses actions à la répression des Frères musulmans en Égypte et que, dans le même temps, l’EI a reproché au Hamas, la branche palestinienne de la confrérie, de manquer de rigueur dans l’application de la charia [loi islamique].