L’armée irakienne tente de reprendre Tikrit avec l’appui de l’Iran
Le 2 mars au matin, environ 30.000 soldats, volontaires et miliciens chiites irakiens ont lancé une offensive visant à reprendre la ville de Tikrit, qui, actuellement contrôlée par les jihadistes de l’État islamique (EI ou Daesh), est située à environ 160 km au nord de Bagdad.
« Des chasseurs-bombardiers, des hélicoptères et l’artillerie visent Tikrit pour assurer la progression [des forces pro-gouvernementales] et couper les voies de ravitaillement », a confié un officier irakien auprès de l’AFP.
Seulement, cet appui aérien n’est pas fourni par la coalition internationale emmenée par les États-Unis pour combattre l’EI. Tout simplement parce que, a fait savoir le Pentagone, le « gouvernement irakien ne l’a pas demandé ».
Aussi, étant donné l’état de l’aviation irakienne, il est possible que des appareils iraniens soient engagés dans cette opération. Le conditionnel est de mise car il est impossible d’en être certain. Cela étant, l’on sait que, dans un passé récent, des Su-25 Frogfoot appartenant aux Gardiens de la révolution iranienne ont été engagés contre l’EI.
Plus récemment encore, des avions F-4 Phantom iraniens ont été vus en train de bombarder des positions jihadistes dans la province irakienne de Diyala. Visiblement, ces frappes visaient à appuyer les troupes irakiennes qui tentaient alors de reprendre les villes de Sa’adiya et de Jawlala.
En outre, Téhéran a déjà admis avoir envoyé des « conseillers militaires » en Irak. Et, justement, l’offensive irakienne pour reprendre Tikrit serait coordonnée par le général iranien Qassem Soleimani, qui n’est autre que le commandant de la force al-Qods, l’unité des pasdarans chargée des opérations à l’étranger. Sa présence en Irak n’est d’ailleurs pas une surprise : elle avait été confirmée en septembre dernier par le général Amir Ali Hajizadeh, qui affirma à l’époque que « ni l’Iran n’avait pas apporté son aide, Daech se serait emparé du Kurdistan ».
Ainsi, le général Soleimani a été photographié en compagnie d’officiers irakiens et de chefs de milices dans la province de Salaheddine peu avant le début de l’offensive. Il a même été vu plus tard en train de diriger les opérations sur la flanc est de Tikrit, près du village d’Abu Rayash.
Seulement, selon un responsable irakien a minimisé le rôle du général Soleimani dans un entretien donné à la BBC. « Nous recevons nos ordres et nos instructions du commandement militaire irakien, mais nous prenons en compte les recommandations de nos conseillers militaires étrangers », a-t-il expliqué. Pour sauver les apparences?
Quoi qu’il en soit, reprendre Tikrit s’annonce compliqué. D’ailleurs, la progression des forces irakiennes est freinée par les engins explosifs improvisés (IED) laissés par les jihadistes. Ces derniers ont aussi recours aux attentats suicide.
Pour l’état-major irakien, reprendre Tikrit est nécessaire avant de tenter de libérer la ville de Mossoul, tombée sous le contrôle de l’EI en juin 2014. Mais certains miliciens chiites ont un autre idée en tête puisqu’ils parlent de « venger Speicher », en référence à la base du même nom où plusieurs centaines de recrues chiites furent assassinées par les jihadistes, avec le concours, a-t-il été dit, des tribus sunnites locales.
D’où l’avertissement des Nations unies : l’opération « doit être menée avec le souci d’éviter les pertes civiles et le respect des principes fondamentaux des droits humains et des lois internationales ».
Photo : T-72 de l’armée irakienne – archive